Dans le cinéma d’horreur le remake est à la mode et 37 ans après Carrie est de retour. La première adaptation de Carrie (de Stephen King) fut réalisé par Brian De Palma, aujourd’hui c’est au tour de Kimberley Peirce (Boys Don’t Cry) que revient cet honneur. Le choix d’une réalisatrice était intéressant car jamais auparavant une femme n’avait réalisé un film sur l’univers de Carrie, le téléfilm et la suite « Carrie 2 » ayant tout deux été réalisé par des hommes. C’est l’actrice Chloë Grace Moretz qui a été retenue pour incarner le rôle principale de Carrie White, la jeune comédienne que l’on a notamment vu dans d’excellente production tels que « Kick-Ass » et « Laisse-moi entrer ». Puis pour interpréter la mère illuminée de Carrie, c’est l’actrice Julianne Moore (« Magnolia », « Hannibal », « The Big Lebowski ») qui a été retenu. Sur le papier, cet production à l’air alléchante et on espère que le regard de la réalisatrice redonnera une seconde jeunesse à ce film. Verdict ?
Comme tout critique, cette dernière ne peut être purement objective et qu’il est normal que vous puissiez avoir un avis différent. De plus il se peut qu’il y ait de légers Spoils mais rien de méchant.
D’abord d’un point de vue narratif, les seules différences notables avec le film de Brian de Palma tiennent à la scène d’ouverture avec l’accouchement horrifié de la mère de Carrie, victime d’un déni de grossesse et au fait que l’humiliation de Carrie est désormais filmée au smartphone, puis diffusée sur Youtube : c’est beau la technologie, que d’innovation.
Concernant, la réalisation, ainsi que la mise en scène est très bien fait, il y a un coté immersif qui est très plaisant, les effets spéciaux ainsi que les jeux de lumière sont globalement bon malgré quelques FX assez grossier, je pense notamment à la scène de la chambre où Carrie utilise la télékinésie.
Le début du film présage un bon moment avec un jeu d’acteur convaincant au départ puis de plus en plus grossier par la suite. En effet, Chloe Grace Moretz fait des manières tout au long du film. Moretz en fait des caisses : elle est sans cesse bouche bée en permanence, et avec une débauche incontrôlée de gestes faux, des roulements d’yeux, respirations sifflantes et les narines dilatées d’un buffle : elle surjoue. Cet ensemble de mimique vient ternir le jeu d’acteur, qui aurait pu être bon car on se trouve face à une Carrie plus vengeresse que fragile psychologiquement à la différence de l’original, mais ceci la fait devenir moins attachante et moins terrifiante du coup. Peut être faut-il souligner que l’actrice n’a que 16ans lors du tournage tandis que Sissy Spacek en avait 26.
Même souci pour la mère mais à un moindre degré, elle tombe dans l’exagération (comparé à l’original) mais ce n’est pas forcément un défaut. L’automutilation de cette dernière est énormément mise en avant. La mère en devient encore plus fragile psychologiquement que sa fille, le tout étant bien retranscrit par l’actrice. Mais cette exagération, l’a fait devenir moins effrayante.
Carrie la vengeance propose un regard bien plus mainstream (qui reste conforme aux standards hollywoodiens) jusqu’à la séquence finale tant attendue du fameux bal de fin d’année où elle est aspergée de sang de porc, cette scène est beaucoup plus forte que dans l’original mais bon ça s’explique aussi par la différence de budget qu’il y a pu y avoir entre ces 2 films (30 millions pour ce Carrie : La Vengeance ce qui est bien mais pas énorme comme d’autre blockbuster) et la scène avec la voiture à la fin vaut le coup également. Mais on est tout de même assez loin du drame psychologique proposé par Brian De Palma.
L’un des gros problème selon, moi est que la réalisatrice qui voulait moderniser cette oeuvre et est passée complètement à coté de son sujet. Ce n’est pas en incorporant des smartphones, les réseaux sociaux etc. que l’on va moderniser ce film. Mais la modernisation aurait du venir de son point de vue de femme réalisatrice, de mieux comprendre la complexité de la relation mère-fille et de mieux faire ressentir les nombreux désagrément qui peuvent toucher une adolescente dans la société de nos jours, car le comportement des filles et gens en général a bien changé par rapport à l’oeuvre de Stephen King. En effet, la réalisatrice n’a effectué aucun travail psycho-sociologique pouvant alors permettre de mieux comprendre Carrie adolescente dans les années 2010… Dommage c’est le minimum auquel je m’attendais pour cette « modernisation ».
Aussi, dans le film original ce qui frappait était l’ensemble des efforts de De Palma pour retranscrire aux mieux les sentiments de notre héroïne, il y arrivait notamment grâce à ses mouvements de caméra (assez kitch, il faut l’avouer) mais également de par la très belle interprétation de Sissy Spacek, qui incarne une Carrie à la fois touchante, fascinante et effrayante.. Ici dans ce remake « Made-in Hollywood » on se trouve avec des actrices trop lisses, et une réalisation bancale, ce remake s’apparente à un pétard mouillé «divertissant».
On aurait pu espérer que Kimberly Peirce apporte un regard neuf et féminin sur le personnage et les réactions de Carrie, car ce film se veut plus moderne normalement. Mais on se rend compte qu’elle ne prend aucun risque, ce film manque clairement d’ambition. Cependant, elle va accentuer et « tenter » d’expliquer un peu plus la relation mère-fille, c’est juste en cela qu’elle se démarque de De Palma. De plus elle parvient tout de même à exploiter les thèmes forts du livre comme les douleurs de l’enfance et de l’adolescence, la maltraitance, l’intimité féminine, la nudité et le rapport au corps, les premiers émois, les relations profondes entre une mère et sa fille, la déconstruction du noyau familial et le fanatisme religieux (malédiction, enfer et damnation, etc..), le rejet social.
Aussi, le rythme de ce remake est plaisant et cela permet de garder le spectateur sous tension, sans quoi on serait sans doute tomber dans un film du calibre de Scream 4 où l’horreur fait place au rire (film qui m’a beaucoup fait rire). Il est clair que ce film vise un public tout de même assez jeune de l’ordre des 15-18ans et là est la réelle déception. De tout façon, de nos jours il n’y a quasiment plus aucun film d’horreur/d’épouvante. J’entends par là des films d’horreur psychologique qui vont nous amener à réfléchir sur les personnages et nous rendre mal à l’aise. Mais je retrouve espoir petit à petit car dernièrement Conjuring ainsi que Sinister ont parfaitement rempli leur rôle de film d’horreur/épouvante où le spectateurs est pris en témoin du film, et on se place très bien à la place des différents protagonistes de l’histoire, car ce qui fait réellement peur, c’est le fait d’arriver au cheminement de se dire et si tout cela exister… Bref on s’égare, je vais en conclure avec ce film.
Conclusion : Cette réédition n’arrive pas à la cheville de son modèle mais n’en est pas moins un mauvais film. La réalisatrice ne parvient pas à recréer l’ambiance angoissante et effrayante de son ainée ! En revanche d’un point de vue objectif, pour les personnes n’ayant pas vu le premier Carrie de 1976, ce film est loin d’être un mauvais. Le scénario reste le même, c’est toujours aussi intéressant d’avoir ce reflet de la société américaine des années 70 mais est-il encore valable aujourd’hui ?. Ainsi, le film pèche dans sa comparaison avec l’oeuvre originale tant dans la réalisation que dans le jeu d’acteur. En effet, ce qui aurait du lui servir, s’apparente plutôt à un boulet qu’il traine tout le long.