Méfiez-vous des apparences…
Au cours de l’Histoire, certaines personnes se sont rendues célèbres en usurpant des identités. Ces génies du mensonge ont réussi des canulars si incroyables qu’ils sont restés dans les annales. Voici 10 d’entre eux :
Martin Guerre
En 1556, un homme se présentant comme Martin Guerre réapparaît dans le village d’Artigat, en Ariège, après 8 ans d’absence. Son oncle, quatre sœurs et surtout sa femme Bertrande le reconnaissent sans hésiter. Son épouse est si convaincue de son identité qu’ils auront deux filles dans les années qui suivent – dont une seule survivra. Il faut dire que le nouveau-venu ressemble étonnamment à son mari, et qu’il détient des informations que lui seul connaît. Au fil des années, les doutes commencent à apparaître. Par exemple, un soldat de passage déclare qu’il ne peut être Martin Guerre, car celui-ci a désormais une jambe en bois à cause d’une blessure à la guerre. Arnaud du Tilh est finalement démasqué lors de son procès en 1560, lorsque le vrai Martin Guerre fait une entrée théâtrale dans le tribunal. Tilh a avoué son imposture et a été pendu.
La reine Élisabeth Ire
Cette histoire tient plus de la légende, mais elle vaut le détour. Dans le Gloucestershire, en Angleterre, beaucoup de personnes croient encore que la reine Élisabeth Ire était en réalité un homme originaire de la région. On y raconte que la petite princesse serait morte brusquement à l’âge de 10 ans, alors qu’elle séjournait dans le château de Berkeley. Les serviteurs, terrifiés à l’idée des représailles du roi Henry VIII en apprenant le décès de sa fille sous leur surveillance, ont alors eu une idée singulière. Ils ont décidé de remplacer Élisabeth par un garçon du village voisin de Bisley, qui lui ressemblait étrangement. Le jeune homme a juré de garder le secret et lorsqu’il a hérité du trône, il était trop tard pour faire marche arrière. Élisabeth Ire est donc restée dans l’histoire comme la « reine vierge », par peur que l’on ne découvre son secret.
George Psalmanazar
George Psalmanazar est devenu une célébrité au Royaume-Uni au début du XVIIIe siècle. Il déclarait être originaire de Formose (aujourd’hui Taiwan), une île lointaine qu’il a dépeint dans un livre intitulé « Une description historique et géographique de Formose ». Sa présentation détaillée des coutumes formosanes, comme le cannibalisme, l’ingestion du sang de vipère ou encore le sacrifice annuel de jeunes enfants pour le dieu formosan a capté l’intérêt de la haute société britannique. Psalmanazar a inventé un alphabet et une langue formosans, et a donné de nombreuses conférences sur sa terre natale. Après avoir été démasqué en 1706, il s’est reconverti vers la théologie ainsi que l’étude du syriaque et de l’hébreu. Ceux qui l’ont connu vers la fin de sa vie l’on même décrit comme le « meilleur des hommes ».
La princesse Caraboo
Restons dans le Gloucestershire. En 1817, une mystérieuse jeune femme apparaît dans le village d’Almondsbury. Elle porte des vêtements exotiques et parle une langue inconnue. Un marin portugais la reconnaît formellement comme étant la princesse Caraboo, originaire de l’île de Javasu dans l’Océan Indien. Elle aurait été enlevée par des pirates, puis aurait réussi à s’échapper en sautant dans le canal de Bristol. Caraboo devient alors une véritable curiosité et la coqueluche de la haute société. Elle est finalement reconnue par son ancienne patronne, qui avait remarqué sa photo dans le Bristol Journal. La princesse n’était autre que Mary Willcocks, la fille d’un cordonnier du Devon. Le scandale a un tel retentissement qu’elle part se réfugier à Philadelphie, aux États-Unis. Elle retourne finalement en Angleterre en 1820, où elle gagne sa vie en vendant des sangsues à l’infirmerie locale.
Ferdinand Demara
Ferdinand Demara, surnommé le « Grand Imposteur », a fait carrière en usurpant de nombreuses identités, dont celle d’un chirurgien. Né en 1921 dans le Massachussetts, aux États-Unis, il abandonne bien vite ses études secondaires pour devenir moine. Dans les années 1940, il rejoint l’armée de terre puis la Marine avant de déserter. Il devient par la suite tour à tour un professeur d’université, un directeur de prison ou un étudiant en droit. Pendant la guerre de Corée, il réussit un tour incroyable en se faisant passer pour un chirurgien de la Marine royale canadienne. Alors qu’il travaillait à bord d’un destroyer, il a effectué un certain nombre d’interventions chirurgicales, dont l’extraction d’une balle logée près du cœur d’un soldat. Le succès de Demara a finalement attiré l’attention des médias, qui ont dénoncé le canular. La Marine canadienne décide toutefois de ne pas porter plainte et Demara a pu rentrer aux États-Unis.
Anna Anderson
Après la Révolution russe, plusieurs personnes se sont présentées comme des rescapées du massacre de la famille impériale en 1918. La plus célèbre d’entre elle est Anna Anderson. La jeune femme est apparue dans la sphère publique en 1920, alors qu’elle est internée dans un hôpital psychiatrique de Berlin suite à une tentative de suicide. Elle se présente comme étant la Grande Duchesse Anastasia, la fille cadette du tsar Nicolas II. Elle raconte avoir survécu au peloton d’exécution, et avoir été exfiltrée par un soldat russe qu’elle a ensuite épousé. Les réactions divergent chez les proches des Romanov. Certains la reconnaissent, d’autres restent plus dubitatifs. Les tests ADN effectués sur un échantillon de tissus ont prouvé qu’elle n’était pas apparentée aux Romanov, mais qu’elle était très probablement Franziska Schanzkowska, une femme polonaise née en 1896. En 2007, les restes des derniers membres de la famille impériale – dont ceux d’Anastasia – assassinés ont été retrouvés en Russie.
Victor Lustig
Né en 1890 en Bohême, en Tchécoslovaquie, Victor Lustig s’est rendu célèbre comme étant « l’homme qui a vendu la Tour Eiffel ». En 1925, il se fait passer pour un haut fonctionnaire et propose à des ferrailleurs d’acheter le célèbre monument. Selon lui, le coût de son entretien est si scandaleux que la ville ne peut plus l’entretenir et souhaite le vendre à la casse. Après avoir trouvé preneur, il se fait la malle à Vienne avec une valise pleine d’argent. L’acquéreur, trop humilié, préfère ne pas porter plainte. Plus tard, Lustig réussit à convaincre le parrain de la mafia américaine Al Capone d’investir 40 000 dollars dans une juteuse opération boursière. Il garde l’argent dans un coffre-fort pendant 2 mois, puis le rend au gangster en prétendant que l’affaire est tombée à l’eau. Impressionné par son honnêteté, Capone lui donne 5 000 dollars. C’était, bien sûr, tout ce que Lustig voulait.
Milli Vanilli
En 1989, le groupe Milli Vanilli formé par Robert Pilatus et Fabrice Morvan est un phénomène planétaire. Leur premier album Girl You Know It’s True est certifié six fois disque de platine et leurs singles tels que Girl I’m Gonna Miss You se hissent en tête des charts. La consécration vient en 1990 avec un Grammy Award du « meilleur nouvel artiste ». Puis lors d’un concert, la bande magnétique sur laquelle ils faisaient mine de chanter dérape, mais les spectateurs s’en inquiètent pas tout de suite. Le canular est finalement révélé par le LA Times à la fin des années 1990 : Pilatus et Morvan n’ont chanté aucun de leurs tubes. Ils ont dû rendre leur Grammy, et les fans ont eu droit à un remboursement sur les albums et les concerts. L’histoire finit tragiquement : ne s’étant jamais remis du scandale, Pilatus a succombé à une overdose en 1998.
Frédéric Bourdin
Frédéric Bourdin était un imposteur en série, plus connu sous le surnom de « Caméléon ». Né en 1974, ce polyglotte a endossé près de 500 identités dans plus de 15 pays entre 1990 et 2005. Il se présentait à chaque fois comme un orphelin ou un enfant disparu. Sa tromperie la plus célèbre a eu lieu en 1997, lorsqu’il s’est fait passer pour Nicholas Barclay. Ce garçon de 13 ans s’était mystérieusement volatilisé en 1994 à San Antonio, au Texas. Quand Bourdin s’est présenté à la famille, il avait presque dix ans de plus que Barclay, et il n’était ni blond ni n’avait des yeux bleus comme la victime. Mme Barclay l’a immédiatement reconnu comme étant son fils et le FBI n’y a vu que du feu. Un détective privé a toutefois réussi à le démasquer 3 mois plus tard, et il a été condamné à 6 ans de prison aux États-Unis.
L’Orchestre philharmonique de Moscou
Entre le 7 et le 13 août 2000, l’Orchestre philharmonique de Moscou (OMP) a donné une série de concerts à guichets fermés devant 10 000 mélomanes enthousiastes à Hong Kong. Cependant, le véritable orchestre moscovite – l’un des plus prestigieux au monde – était engagé en France, en Espagne et au Portugal au même moment. Personne dans le public n’a remarqué la supercherie et le mystère n’a jamais été complètement élucidé. On suppose qu’il s’agissait d’une formation de musiciens russes en herbe doués pour l’arnaque. Ils ont en effet amassé plus de 300 000 dollars en une semaine.