Compteur Linky: trop peu de Français l'utilisent pour réduire leur consommation et faire des économies

Outil révolutionnaire pour faire des économies, le compteur Linky a prouvé à maintes reprises ses qualités. Mais cela ne semble pas suffire.

Le remplacement des compteurs électriques par les compteurs Linky a été lancé fin 2015. Près d’une décennie plus tard, environ 80 % des foyers français sont désormais équipés de ces compteurs communicants, mais beaucoup ignorent comment faire des économies.

Le compteur Linky en France

Près de 39 millions d’unités du compteur Linky sont installées en France. Ces appareils permettent une transmission automatique des relevés de consommation à Enedis, le gestionnaire du réseau, simplifiant ainsi le suivi énergétique.

Ce projet a ainsi représenté un investissement significatif de 5,7 milliards d’euros pour Enedis. Bien que l’installation soit gratuite pour les utilisateurs, certains craignent une hausse de leurs factures si leur consommation n’est pas maîtrisée.

Selon un rapport de la Cour des comptes de 2018, le déploiement des compteurs Linky génère donc également des bénéfices financiers pour Enedis. Notamment via une augmentation de certains tarifs réglementés.

Et ce, pour encourager l’entreprise à respecter les délais. Ces aspects continuent d’alimenter les débats sur les avantages réels et la légitimité du dispositif.

Un sujet récurrent concerne l’indicateur lumineux du compteur. Enedis a expliqué que le clignotement varie en fonction de la consommation : plus il clignote rapidement, plus l’électricité consommée est importante.

Les variations perçues dans les couleurs (jaune ou orange) se voient donc attribuées à des effets d’éclairage. Ou des perceptions subjectives.

Des avantages prouvés, mais des abus

Le compteur Linky offre donc toutefois des avantages notables. Notamment une facturation basée sur la consommation réelle des Français, contrairement aux anciens compteurs.

Contrairement aux anciens compteurs estimatifs, il garantit donc une meilleure transparence et une gestion plus précise de l’électricité au quotidien. Malgré ses atouts, le compteur Linky fait face à des abus.

Certains utilisateurs tentent de manipuler le compteur pour réduire leurs factures. Avec des promesses illégales de baisse jusqu’à 75 %.

Ces pratiques, bien que séduisantes en période de hausse des prix de l’énergie, se voient sévèrement réprimées par la loi. La fraude sur un compteur peut entraîner des amendes élevées, voire des peines de prison allant jusqu’à 10 ans.

Enedis a donc renforcé ses moyens de surveillance, mobilisant 250 agents dédiés. Ils se voient dotés les compteurs de capteurs détectant les anomalies.

Outre les sanctions légales, ces manipulations comportent des risques financiers et domestiques. Ils peuvent ainsi provoquer des dysfonctionnements et des accidents graves.

Le compteur Linky, de vraies économies, mais pour qui ?

Avec un taux d’équipement de neuf foyers sur dix, le compteur Linky devait permettre aux ménages de réaliser des économies d’énergie. Pourtant, ces promesses restent largement non tenues, principalement.

Et ce, en raison d’un manque d’information sur son fonctionnement et ses fonctionnalités. Danielle Rouault, retraitée, illustre cette situation dans un reportage de TF1.

Elle a fait installer le compteur dans son garage et surveille sa consommation en temps réel. Pourtant, ses factures n’ont pas diminué. « Un appareil consommant 2 kWh va continuer de consommer pareil, que ce soit avec Linky ou un autre compteur », explique-t-elle.

Selon un rapport de la Cour des comptes publié le 29 novembre, les économies réalisées grâce à Linky sont en moyenne de 1 % seulement. Les prévisions initiales tablaient sur des résultats bien supérieurs.

Notamment grâce à une meilleure maîtrise de la consommation et à des incitations à consommer en heures creuses. Pour maximiser les bénéfices de Linky, les utilisateurs doivent surveiller régulièrement leur consommation et adapter leurs habitudes.

« Le compteur permet d’identifier en temps réel les appareils les plus énergivores, ce qui aide à ajuster sa consommation et à éviter les excès », souligne Alicia Bassière, qui travaille à CentraleSupélec-Université Paris-Saclay.

Malgré cela, peu de Français utilisent ces fonctionnalités. La Cour des comptes pointe également des externalités positives inférieures aux attentes, notamment en matière de gestion de la demande d’énergie et de modulation tarifaire.