Les seniors représentent-ils un danger ? Avec l'âge, il se peut que la conduite devienne moins évidente et le risque d'accident augmente.
Les accidents de la route demeurent une problématique majeure, notamment chez les seniors. Avec l’âge, la conduite peut être altérée, ce qui peut conduire à de graves accidents sur les routes.
La conduite des seniors remise en cause
À Saint-Malo, deux accidents mortels se sont produits à trois mois d’intervalle sur la même route. Et ils impliquaient un conducteur de 81 ans, titulaire de son permis de conduire, qui avait une conduite inadaptée.
Ces tragédies ont coûté la vie à deux piétons et ils ravivent le débat sur l’instauration de contrôles de santé obligatoires pour les conducteurs seniors. Ces événements s’ajoutent à d’autres incidents similaires.
Tels qu’une femme renversée par un conducteur âgé sur un passage piéton. Tous ces accidents alimentent les appels en faveur de vérifications médicales pour évaluer l’aptitude à la conduite après un certain âge.
En réponse, le député Bruno Millienne a proposé une loi visant à instaurer une visite médicale obligatoire dès 75 ans. Avec délivrance d’un certificat par un médecin agréé.
L’objectif se veut ainsi de garantir la sécurité des seniors au volant, mais aussi celle des autres usagers de la route. Cependant, cette mesure divise. Clément Beaune, ministre des Transports, s’y oppose.
Ce dernier avance qu’un examen médical pourrait être perçu comme discriminatoire. Et que l’âge, à lui seul, ne suffit pas à juger de l’aptitude à conduire.
Des aménagements de prévus ?
L’association 40 Millions d’Automobilistes partage cet avis. Elle rappelle ainsi que les seniors causent moins d’accidents mortels que d’autres groupes d’âge et que cette mesure serait inefficace.
À l’inverse, des voix comme celle de Pauline Déroulède, amputée d’une jambe après un accident avec un conducteur de 92 ans, réclament des contrôles pour la conduite. Ces débats posent la question de l’équilibre entre sécurité routière et droits individuels.
Il y a peu, la Sécurité routière a lancé une nouvelle campagne de prévention intitulée « Docteur, est-ce grave si je conduis ? ». Et elle aborde un sujet délicat : la possibilité de signaler un proche jugé inapte à conduire.
Bien que la démarche soit sensible, elle vise à prévenir les risques d’accidents liés à des conducteurs en perte de capacités. Selon la Sécurité routière, un proche peut adresser un signalement au préfet, par courrier ou par e-mail.
Et ce, en détaillant les raisons de ses inquiétudes. Si le signalement est jugé recevable, la personne concernée devra passer une visite médicale auprès d’un médecin agréé.
En fonction du diagnostic, le permis de conduire peut se voir suspendu ou soumis à des restrictions (interdiction de conduire la nuit, sur autoroute, etc.). La procédure divise, car certains la rejettent fermement, la jugeant contreproductive.
La conduite des seniors dans le viseur
« Je préfère le dialogue avec la personne. La délation est malsaine », estime Cédric à 20 Minutes. D’autres privilégient donc des solutions indirectes, comme Béatrice qui raconte avoir convaincu son père d’arrêter de conduire après avoir fait retirer sa voiture par un garagiste.
Alain, lui, préconise une approche plus radicale : « Je préfère prendre les clés et les papiers d’un proche dangereux plutôt que de le dénoncer. » À l’inverse, certains considèrent la démarche indispensable.
Alphonsine regrette de ne pas avoir eu connaissance de ce dispositif plus tôt, en pensant à son grand-père, handicapé, mais continuant donc de conduire sur de longues distances. Marc, lui, n’a pas hésité à signaler sa mère aux autorités.
« Elle avait des difficultés à passer les vitesses et avait eu plusieurs incidents. C’était nécessaire. » Geoffroy raconte avoir dénoncé son père après ses AVC, inquiet pour la sécurité des enfants près de son EHPAD.
Malgré les convocations médicales, son père a refusé de s’y rendre, et son permis a été retiré. Cependant, il continue de conduire, une situation qui soulève la question des moyens à mettre en œuvre. Pour faire ainsi respecter ces décisions quant à la conduite des seniors.