A l’occasion de la rédaction d’un dossier sur le succès de la vidéo à la demande en France, paru la semaine dernière dans Musique Info Hebdo, j’ai eu l’occasion d’interviewer Natalia Tsarkova, la présidente de i-Concert, une start-up basée à Genève, filiale du groupe Transmedia, qui a perçu très tôt l’opportunité de proposer une offre de concerts live en VOD.
i-Concert, dont l’offre est relayée en France par Club-Internet et depuis peu par Free, propose à l’heure actuelle un catalogue de 600 concerts, en partenariat avec des détenteurs de droits comme 3DD ou Eagle Vision. Ca me rappelle au passage avoir été abordé lors du Midem 2001 par un représentant de la BBC qui cherchait le moyen d’exploiter un catalogue de quelques 3000 concerts live en vidéo (dont les célèbres BBC Sessions). Comme quoi la matière ne manque pas dans ce domaine.
« Les concerts ne sont pas un matériau très adapté au modèle économique de la télévision traditionnelle, mais la VOD permet de proposer une offre beaucoup plus élargie, qui ne se limite pas aux blockbusters, explique Natalia Tsarkova. En outre, c’est un service entièrement nouveau, puisque contrairement aux autres offres de VOD, ces contenus ne sont pas accessibles par ailleurs. »
i-Concert conserve une logique de chaîne – sa chaîne de concerts multicastée en haute définition sur Free est devenue la première chaîne de concerts en Europe – mais en introduisant celle de programmation interactive – possibilité de créer ses propres playlists vidéo avec des titres extraits de différents concerts.
« Depuis le lancement de l’offre i-Concert sur Free en France, nous diffusons 100 000 concerts en stream tous les mois. C’est un taux de consommation sans équivalent sur les autres territoires », confie Natalia Tsarkova. D’où la volonté de la compagnie d’élargir en priorité son offre en France, en particulier sur le PC, puisqu’elle n’est accessible aujourd’hui que via la télévision sur IP (1).
i-Concert, qui a déjà signé un accord avec EMI Music France, est actuellement en discussion avec les autres majors du disque françaises. « En France, il est pratiquement impossible de passer des deals avec les artistes sans passer par les maisons de disques », explique Natalia Tsarkova.
Elles se montrent particulièrement intéressées par ce nouveau marché des vidéogrammes, confie-t-elle. « Elles perçoivent qu’il y a une vraie valeur dans la musique live. » Mais elles ne sont pas les seules. Les promoteurs de spectacles, dont il est nécessaire d’obtenir l’autorisation pour effectuer la captation vidéo de leurs concerts, risquent de vouloir légitimement prendre leur part du gateau.
« Les droits voisins sur ces vidéogrammes risquent de donner lieu à une véritable foire d’empoigne dans les années à venir », pronostique Natalia Tsarkova. D’autant que les artistes et leurs managers vont également souhaiter rentrer dans la boucle. « Contrairement à ce qui se passe en France, nos deals avec les artistes internationaux se traitent en général avec les managers », confirme-t-elle.
Les promoteurs de spectacles, quant à eux, pourraient réfléchir à une autre exploitation dérivée de leurs concerts : leur diffusion en direct, au moins pour les blockbusters, dans un réseau de salles de cinéma ou pourquoi pas, par l’intermédiaire de prestataires comme i-Concert, dans les bars musicaux les plus reculés, grâce à la télévision sur IP.