Jeudi matin 8h30, j’arrive chez José mon garagiste adoré, pour une vidange. Oui j’aime les entrées en matière très poétiques. José avec sa moustache, son Marcel plein de cambouis et ses auréoles christiques sous les bras sifflote.

En fait, il sifflote l’air du morceau qui passe à la radio. Un truc pompeux, étouffant, avec des arrangements piano/violon qui nous rappellent les heures les plus sombres de la carrière de Charles Aznavour. La ballade tire-larmes d’un crooner discount sous dialyse en somme.

La mélodie au piano ressemble à celle de la scène triste dans le film Beethoven, quand le gosse de la famille se réveille et se rend compte que son fidèle compagnon à quatre pattes Beethoven a été enlevé par un méchant vétérinaire doté d’un rire démoniaque. Déjà ça vous donne une idée du supplice. Et là j’entends une voix, rien à voir avec Jeanne d’Arc, c’est Patrick Bruel !

patrickbruelmars

Il faut savoir que Patrick Bruel est à la musique ce qu’est Liebig aux potages, de la soupe en briques.

Donc l’ami Patrick nous explique que sa carrière musicale n’aurait jamais vu le jour si une femme dans un studio de Manhattan ne lui avait dit un soir « il y a de la place dans les étoiles ». Et là je t’arrête tout de suite Patrick, il y a erreur d’interprétation, la dame voulait juste te dire que quelque part dans l’univers, il y avait sûrement des êtres humanoïdes qui sauraient comprendre et apprécier ta musique, en gros c’était plutôt « prends un allez-simple pour Mars et essaye de gagner ta vie sur le mont Olympus en faisant tes vocalises d’ado prépubère ».

Patrick aime les trucs bien chargés, bien dégoulinants, alors on se tape une montée d’accords façon Queen (qui filerait une décente d’organes à ce pauvre Brian May) en plein milieu du morceau, pour rendre le tout encore plus indigeste.

Je me demande souvent d’où provient le succès de Patrick Bruel ? Et si tout simplement Patrick plaisait à la ménagère de moins de 50 ans parce qu’il lui rappelle son fiston en pleine crise d’adolescence ? Le petit Kevin avec sa voix éraillée qui pensait changer le monde en débitant banalités et phrases convenues, et qui traitait sa puberté à grands coups de Biactol ?

Pendant 4 minutes, le monsieur nous explique que quelques détails insignifiants l’ont poussé à croire en son talent, si ce n’est pas du pur sadisme de balancer ça après 25 ans de carrière…