Avec plus de 225 films à son actif, Christopher Lee était connu pour être l’un des acteurs britanniques les plus prolifiques et les plus emblématiques de sa génération. L’acteur avait su traverser les époques et marquer le cinéma contemporain grâce à la grande variété de ses rôles et la qualité de ses interprétations. Retour sur une carrière impressionnante.
Sir Christopher Frank Carandini Lee, dit Christopher Lee, est un acteur britannique, né le 27 mai 1922 dans le quartier de Belgravia à Londres et mort le 7 juin 2015 à Londres. Reconnu pour sa polyvalence impressionnante, l’homme était un touche-à-tout affirmé. Acteur, producteur, orateur, musicien, chanteur, photographe, Christopher Lee ne se refusait rien. Après l’annonce du décès de B.B King, le monde pleure la disparition d’une autre légende.
Sa Jeunesse
Lee naît dans le quartier de Belgravia à Londres. Fils de Geoffrey Trollope Lee lieutenant de l’armée royale britannique et de la comtesse Estelle Marie Carandini, il a une sœur, Xandra, de cinq ans son ainée. Il est aussi le cousin de Ian Fleming, auteur de la célèbre saga James Bond. Il abandonne rapidement ses études et gagne sa vie en enchainant de petits jobs de coursier. Durant la seconde guerre mondiale il est engagé au service des renseignements de la Royal Air Force et deviendra par la suite capitaine. Il contribue à la dénazification de l’Allemagne, ce qui l’amènera à croiser de grands criminels de guerre, et lui permettra de témoigner de l’horreur des camps de concentration.
Ses débuts au cinéma
Après la démobilisation de 1946, Lee doit donner une nouvelle orientation à sa carrière. Il opte finalement pour le métier d’acteur et débute sa carrière en 1948 dans la romance fantastique l’Étrange Rendez-vous de Terence Young. Il joue aussi dans diverses pièces de théâtre aux côtés de Peter Cushing qui deviendra par la suite l’un de ses compagnons de route. Lee a du mal à percer dans ce milieu surtout en raison de sa grande taille (1m92), les vedettes ayant peur que cette particularité physique détourne l’attention du public à leur égard, attention focalisée sur Lee.
Durant les années 1950 Lee enchaîne près de 30 films, souvent pour des rôles de second plan. Il participe tout de même à quatre classiques du film d’aventure, parmi lesquels « Capitaine Sans Peur » en 1951 ou « Le Corsaire Rouge » en 1952. Des apparitions à la télévision le sauveront souvent du chômage.
La période Hammer : Dracula et Frankenstein
En 1957, sa grande taille qui le priva de nombreux rôles devient un atout important. Le rôle de la créature du baron Frankenstein lui est proposé, et il partage l’écran avec Peter Cushing qui incarne le baron lui-même. Le film produit par la société britannique Hammer Productions connaît un vrai succès commercial et critique, lançant véritablement sa carrière.
En 1958, Christopher Lee incarne le légendaire Comte Dracula dans le film « Le Cauchemar de Dracula« . On retrouve toujours la Hammer aux commandes, ainsi que le même réalisateur et les mêmes acteurs présents dans le précédent film de la firme basé sur livre de Mary Shelley. Lee succède à l’acteur américain Bela Lugosi et est enfin reconnu à sa juste valeur en tant qu’acteur.
Lee reprendra le rôle du célèbre vampire des Carpates à dix reprises. Le tandem Lee/Cushing partagera l’affiche de plus de vingt productions, majoritairement produites par la Hammer, reine du cinéma fantastique de l’époque.
L’acteur parlant couramment diverses langues (environ une dizaine comprenant le français, le russe ou le suédois) participera aussi à diverses productions étrangères à cette époque, bâtissant lentement son image d’homme inquiétant et effrayant et faisant frémir les salles du monde entier.
Des rôles variés jusqu’en 1995
Durant les années 1970, Lee continue d’incarner le comte Dracula et de tourner dans des films d’horreur. Fatigué d’être assimilé trop souvent à ce genre de cinéma, l’acteur décide de multiplier les tournages en interprétant des rôles variés. Il interprète par exemple le frère de Sherlock Holmes dans « La Vie Privée de Sherlock Holmes » en 1970 ou le comte de Rochefort dans « Les Trois Mousquetaires » en 1973. Il incarne le méchant du James Bond de 1974 « L’Homme Au Pistolet d’Or » réalisé par Guy Hamilton.
Il quitte définitivement les studios de la Hammer en 1976 et part s’installer en Californie. En 1977 il joue dans le film américain « Les Naufragés du 747 » de Jerry Jameson, rôle qui lui attirera la sympathie de nombreux syndicats de cascadeurs, puisque Lee a tenu à participer lui-même aux séances d’apnée lors du tournage. Il interprète le rôle d’un commandant allemand dans le film « 1941 » de Steven Spielberg sorti en 1979.
Sa carrière va connaître un nouvel essor durant les années 1980, ou il alterne les rôles à la télévision et sur grand écran. Cependant rien de vraiment marquant. Il participe au doublage du film « La Dernière Licorne » et fait quelques apparitions dans de grosses productions comme « Gremlins 2 : la nouvelle génération » réalisé par Joe Dante en 1990.
Un retour éclatant et de nombreux projets jusqu’en 2015
Christopher Lee devra attendre la fin des années 1990 pour enfin revenir au premier plan. En 1999, Tim Burton réalise Sleepy Hollow avec Johnny Depp dans lequel Christopher Lee fait une brève mais mémorable apparition. Cette dernière redonne à la carrière de l’acteur britannique un second souffle. Tim Burton a avoué être un grand fan des productions de la Hammer et de l’acteur britannique.
Tout s’enchaine alors rapidement, il est contacté par Peter Jackson lui proposant d’incarner Saroumane dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, cette adaptation du roman de Tolkien lui permettra de jouer aux côtés de Ian McKellen, Elijah Wood ou encore Viggo Mortensen.
Son ami de longue date Peter Cushing avait incarné le Grand Moff Tarkin dans l’épisode 4 de Star Wars « Un Nouvel Espoir », c’est donc presque tout naturellement que Lee accepte d’interpréter le rôle du Comte Dooku dans les épisodes 2 et 3 de la franchise chère à George Lucas. Là encore c’est une réussite et ses performances sont saluées par la critique.
Anobli par la reine en novembre 2001, Sir Christopher Lee dispose aussi d’une étoile sur le Hollywood Boulevard. Il recevra de nombreuses récompenses et sera nominé plusieurs fois aux Oscars.
Il interprète le rôle d’un dentiste inquiétant dans le remake de « Charlie et la Chocolaterie » et prête sa voix à plusieurs films d’animations et jeux-vidéo, parmi lesquels « Les Noces Funèbres » ou encore « Kingdom Hearts« .
Côté musique, Christopher Lee a participé en tant que narrateur à plusieurs albums du groupe italien Rhapsody Of Fire pratiquant un heavy symphonique plutôt pompeux. Il prête aussi sa voix à quelques titres du groupe Manowar en 2007 toujours en tant que narrateur. A partir de 2010 Christopher Lee sort 3 albums solo sous le nom de « Charlemagne », dont le style pourrait être qualifié de Metal Symphonique flirtant avec les codes de l’Opéra.
Lee reprendra ensuite le rôle de Saroumane dans la trilogie « Le Hobbit » toujours réalisé par Peter Jackson.
Un grand homme s’en va
Il meurt le 7 juin 2015, après avoir été admis au London’s Chelsea and Westminster Hospital pour des problèmes pulmonaires et une insuffisance cardiaque, laissant derrière lui un héritage cinématographique et culturel impressionnant. Surement l’un des décès les plus marquants de cette année. Débordant de classe et de charisme, Christopher Lee était définitivement l’un des derniers monstres sacrés du 7 ème art. Chapeau l’artiste.