Vous allez nous manquer très cher format MP3. Vous avez révolutionné le monde de la musique et son écoute, et c’est le cœur serré que l’on vous dit adieu en revenant sur les dates clés qui ont jalonné votre vie.
La genèse du format MP3
Le MP3 est un format de compression audio capable de réduire drastiquement la quantité de données nécessaire pour restituer de l’audio tout en s’approchant de la qualité du son original non compressé.
L’histoire de ce format audio remonte à l’année 1987. C’est la société allemande Fraunhofer-Gesellshaft qui développe ce format compressé et dispose des droits de brevet sur ce dernier.
Il faudra cependant attendre le début des années 90 pour que la société mette à disposition les codecs de compression. Cela révolutionnera la façon dont les gens écoutent et consomment de la musique.
Pour déterminer les niveaux de compression appropriés, les équipes de normalisation ont utilisé la chanson Tom’s Diner de Suzanne Vega. Sa simplicité et sa finesse leur permettant de détecter facilement les imperfections du codec.
1987 : la société allemande Fraunhofer-Gesellschaft lance le programme de recherche Eureka Project EU147.
1989 : Fraunhofer reçoit un brevet allemand pour les fichiers MP3.
1993 : Le MPEG-1 standard est publié.
1994 : Le MPEG-2 est développé et publié 1 an plus tard.
1996 : Un brevet américain est délivré pour le MP3.
1998 : Tous les développeurs d’encodeurs MP3 ou rippers sont obligés de payer une redevance de licence.
1999 : Une maison de disques commence à distribuer des morceaux de musique au format MP3. Les baladeurs MP3 font aussi leur apparition.
Le tournant des années 2000 et l’affaire Napster
Dès le début des années 2000, des réseaux d’échange sur Internet via des logiciels de partage de fichiers tels que Napster contribuent largement à l’adoption de ce format par les consommateurs aux dépens de ses plus féroces concurrents.
Le MP3 permet aussi aux artistes de se faire connaître sur la toile et de développer leur fan-base, à une époque où l’industrie du disque connait une importante récession.
Lars Ulrich, batteur de Metallica, entrera en guerre contre Napster, et produira même une publicité diffusée lors des concerts du groupe. Cette position gênante pour un quatuor s’étant fait connaître grâce au circuit d’échange de cassettes durant les années 80 ne plaira pas aux fans.
Dans le même temps, les films encodés en DivX (pour la vidéo) et MP3 (pour le son) font leur apparition, et les constructeurs d’appareils électroniques commencent à proposer des baladeurs et des platines DVD compatibles avec ce format.
L’entreprise coréenne Seoul crée la première version physique du lecteur MP3 avec une capacité de stockage de 32 Mo extensible à 64 Mo. C’est malheureusement un échec commercial, et il faut attendre l’arrivée du Rio PMP300 pour que son usage se démocratise.
L’apogée des lecteurs MP3 avant l’arrivée du streaming/téléchargement légal
L’iPod, premier baladeur numérique signé Apple, est lancé courant 2001. Il faudra cependant attendre le milieu des années 2000 pour que l’usage de ce type d’appareils se démocratise.
En véritable pionnier, Apple lance aussi iTunes, la première bibliothèque multimédia qui fait aussi office de plateforme de téléchargement légal.
Aux alentours de 2010, les plateformes de streaming et de téléchargement légal fleurissent sur la toile, et l’arrivée des smartphones prenant en charge toutes sortes de formats proposant une meilleure compression relèguent le MP3 au second plan.
Ce format reste cependant très apprécié des internautes lorsqu’il s’agit d’échanger illégalement de la musique sur la toile, en raison de son rapport poids/qualité d’encodage.
Des théoriciens culturels présentent même le MP3 comme un véritable artéfact de culture, qui symbolise à merveille les nouvelles façons de consommer de la musique et de la partager.
Clap de fin pour ce format mythique
Ce format de compression tire officiellement sa révérence en 2017, l’entreprise allemande responsable de son développement ayant expliqué que les licences de brevets et de logiciels lui étant liés avaient été résiliées.
Victime de l’arrivée des smartphones, des plateformes de streaming légal, et de nouveaux codecs de compression plus performants comme le format AAC privilégié par la TV et la radio pour encoder leurs flux audio numériques, le MP3 n’est plus au sens commercial du terme.
Soyez cependant rassuré, les formats de musique « défunts » se portent plutôt bien, à en croire le marché des vinyles, des CDs ou du MiniDisc.