Emmanuel Macron et son cabinet se retrouvent impliqués dans l’Affaire Las Vegas, suite à l’organisation d’un voyage dans la capitale du jeu sur laquelle la justice enquête. Voila tout ce qu’il faut savoir.
2016 : L’Affaire Las Vegas : une soirée à 380.000 euros à la demande du cabinet Macron
Ce mercredi, le cabinet d’Emmanuel Macron (lorsqu’il était encore ministre de l’Économie) a été impliqué dans l’organisation du voyage sur lequel la justice française enquête actuellement.
Il s’agit plus précisément de l’affaire Business France, qui fait les gros titres des journaux depuis plusieurs mois. En mars 2017, c’était le Canard enchaîné qui révélait les soupçons de l’Inspection générale des finances quant à un possible délit de favoritisme.
Ce possible délit concernait l’organisation d’une soirée à l’occasion du CES de Las Vegas le 6 janvier 2016, alors que l’actuel président était encore ministre de l’Économie.
Une soirée organisée à la demande du cabinet du ministre confiée à Havas par Business France qui aurait coûté la somme de 380.000 euros. On rappelle que Business France est un organisme lié à Bercy.
Lorsque l’affaire avait éclaté, Michel Sapin, alors fraîchement nommé ministre de l’Économie, s’était empressé d’éteindre l’incendie et de voler au secours d’Emmanuel Macron en affirmant que ce dysfonctionnement était la faute de Business France.
Mais suite aux révélations du quotidien Libération le mercredi 28 juin 2017, cette défense semble ne plus tenir la route.
2017 : De nouvelles révélations qui impliquent le cabinet Macron dans l’Affaire Las Vegas
Le cabinet d’Emmanuel Macron (lorsqu’il était ministre encore ministre de l’Économie), a été impliqué dans l’organisation par Havas de la soirée à Las Vegas pour le compte de Business France.
Cette affirmation se base sur un audit réalisé par cabinet EY, révélant des dysfonctionnements en cascade. Ce même audit avait été remis à la ministre Muriel Pénicaud le 28 juillet 2016, et il a fallu 6 mois avant qu’il ne refasse finalement surface.
Libération précise aussi que Pénicaud, alors ministre du travail et directrice générale de Business France, avait validé certaines des dépenses relatives à l’organisation de la soirée, et qu’il s’agissait là d’un contournement des règles établies.
L’Affaire Las Vegas en 11 dates clefs
Novembre 2015 : Business France prend en charge l’organisation de la soirée French Tech Night prévue à Las Vegas en janvier
Décembre 2015 : La quasi-totalité des prestations est confiée à Havas, sans procédure d’appel d’offres. Le cabinet de Macron participe activement à l’organisation. Un premier paiement irrégulier est validé dans l’urgence par Muriel Pénicaud.
6 janvier 2016 : Malgré ces conditions d’organisation, la soirée a lieu.
Février 2016 : Après une alerte interne, Pénicaud commande un audit.
Juillet 2016 : L’audit alarmiste est remis à Pénicaud mais elle ne prévient ni les organes internes de contrôle ni ses ministères de tutelle.
5 décembre 2016 : Pénicaud tente de faire passer le protocole transactionnel avec Havas lors d’un comité, fournissant une simple synthèse de la situation. Le contrôleur économique et financier avertit alors les ministères de tutelle.
21 décembre 2016 : Michel Sapin, nouveau ministre de l’Économie, saisit l’Inspection Générale des Finances.
28 février 2017 : Le rapport de l’Inspection Générale des Finances reprend largement les observations de l’audit et son auteur fait un signalement au parquet pour une suspicion de délit de favoritisme.
8 mars 2017 : Le Canard enchaîné publie des extraits du rapport de l’Inspection Générale des Finances.
13 mars 2017 : Ouverture d’une enquête préliminaire pour favoritisme, complicité et recel.
20 juin 2017 : Perquisition au siège d’Havas et de Business France.
Juin 2017 : Muriel Penicaud admet avoir fait une erreur
Le dimanche 25 juin 2017, Muriel Penicaud fraîchement reconduite au poste de Ministre du Travail à l’occasion du remaniement gouvernemental, a affirmé qu’elle n’avait pas envisagé de démissionner, et a précisé que :
« Cela n’aurait pas de sens puisque c’est moi qui ai alerté sur ce sujet d’erreur de procédure dans un marché public, et demandé un audit indépendant, ce que l’Inspection Générale des Finances a confirmé par la suite. »
Interrogée ce mercredi, Muriel Penicaud a reconnu une erreur de procédure :
« Cela peut arriver sur 500 évènements par an. J’ai immédiatement déclenché une audition et l’inspection générale des finances a confirmé que j’avais pris les bonnes mesures. »
Elle a terminé son intervention en se défendant d’avoir voulu étouffer l’audit, resté dans un placard durant 6 mois, estimant que cette accusation « était une blague ».