Le département Defence and Space d’Airbus a dévoilé le 5 juin dernier le fruit de cinq années de recherches. Le prototype baptisé Adeline est une fusée Ariane réutilisable.
Airbus dit avoir été inspirée par les travaux de la société californienne SpaceX qui travaille elle-aussi sur les fusées réutilisables. Les dirigeants d’Airbus ont déclaré qu’ils pensaient avoir résolu les problèmes connus sur le prototype de la firme américaine, prototype baptisé Hawthorne, notamment en ce qui concerne la chute du premier moteur lorsqu’il se décroche et traverse l’atmosphère à très haute vitesse.
Adeline, le lanceur réutilisable n’influera que très peu sur le lancement et les performances de sa fusée. Les responsables de la compagnie ont planché sur ce prototype dans le plus grand secret en déléguant une partie du développement à Airbus Military Aicraft qui est chargée du développement des engins militaires sans pilotes. Puisant leur inspiration du côté de la Silicon Valley, les équipes d’Airbus se sont rendues sur place un peu plus tôt cette année pour étudier ce qui se faisait chez leurs voisins en matière de fusée réutilisable.
L’idée est donc de faire revenir sur Terre la partie la plus onéreuse du lanceur, comprenant le moteur et l’électronique, en la plaçant dans un module qui atterrira sans encombres sur une piste d’atterrissage.
Benoit Isaac, chef de projet pour Adeline a précisé qu’ils avaient d’abord travaillé à une échelle moindre et réalisé des tests pour guider la chute du lanceur lors de son retour sur Terre, afin qu’il puisse atterrir horizontalement et sans encombres.
« Ceci est notre façon de montrer que nous pouvons aussi innover ici en Europe, il n’y a pas que les États-Unis qui savent innover. »
François Auque, président d’Airbus Defence and Space a averti que la priorité de la firme était avant tout la conception de la nouvelle génération de fusée Ariane : Ariane 6. Espérant un premier lancement aux alentours de 2020.
« Ariane 6 est notre priorté absolue, Adeline suivra. »
Le développement d’Ariane 6 est financé par les gouvernements membres de l’Agence Spatiale Européenne, et est une réponse au travail de la société SpaceX, qui cherche à faire baisser les coups de lancement des fusées.
Hervé Gilbert, directeur technique d’Airbus DS Space Systems nous en dit un peu plus sur le fonctionnement et les coûts en carburant d’Adeline comparés à ceux de sa rivale américaine.
« Nous utilisons un bouclier afin que le moteur ne soit pas soumis à de trop fortes contraintes lorsqu’il entre dans l’atmosphère »
« Il nous faudra environ 2 tonnes d’ergols pour assurer ce retour contre une quarantaine de tonne d’ergols pour SpaceX. Cette solution permet une économie de l’ordre de 30% sur le coût de lancement. On peut envisager des moteurs réutilisables 10 fois, 20 fois, voire plus. »
Adeline a été financée jusqu’à présent par les fonds internes de la société Airbus, fonds représentant environ 5 millions d’euros. Elle aura besoin d’un petit coup de pouce du gouvernement, Airbus espérant qu’elle soit fonctionnelle dès 2025.
Pour terminer voici la vidéo qui vous présente comment fonctionnera Adeline. Airbus répond de la meilleure des manières à la société SpaceX en lui proposant un challenger de poids.