L'Arabie Saoudite a décidé de tout changer, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane veut transformer son Royaume et le moderniser !
L’Arabie Saoudite voit grand pour casser son image et renforcer son attractivité internationale. Si les projecteurs sont braqués ces dernières semaines sur l’offensive spectaculaire du royaume en matière de football et de sport, ses ambitions vont bien au-delà. Le royaume veut devenir un hub mondial pour le divertissement (entertainment). Analyse.
L’Arabie Saoudite refonde son modèle économique
Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS) entreprend depuis plusieurs années une révolution à marche forcée de son pays dans le cadre de son plan Vision 2030. Il prévoit une nouvelle Arabie Saoudite d’ici la fin de la décennie. MBS veut sortir de la dépendance au pétrole. Il veut aussi moderniser un pays longtemps critiqué pour son conservatisme et sa fermeture au monde.
Cette révolution passe par des changements sociétaux profonds (droit des femmes, ouverture au tourisme). Et aussi une réinvention de son modèle économique, aujourd’hui largement dépendant de la rente pétrolière, à destination de nouveaux secteurs comme les énergies renouvelables, les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, le sport, mais aussi le secteur du divertissement.
Dans le cadre du plan Vision 2030, le gouvernement saoudien a créé en 2016 l’Autorité générale du divertissement (GEA). L’objectif est de renforcer l’attractivité de l’Arabie Saoudite en termes d’entertainment (spectacles live). La GEA vient de publier ses premiers chiffres officiels qui témoignent des ambitions du royaume à devenir une place forte du divertissement au Moyen-Orient.
L’explosion de l’offre de divertissement dans le royaume
En un peu plus de six ans, l’autorité a délivré des licences à plus de 4’500 entreprises pour organiser des événements dans plus de 100 villes. Sur ces licences, on compte 1579 restaurants et cafés ayant ouvert des salles de concert et spectacles en direct, mais également 257 entreprises spécialisées dans les centres de divertissement, et 17 parcs d’attraction.
Ce boom du divertissement s’explique par la volonté des autorités saoudiennes de devenir un véritable hub du tourisme du divertissement. Le Royaume veut rivaliser avec les autres destinations phare de la région en matière de divertissement.
On peut notamment citer le festival Riyadh Season. C’est l’un des plus grands événements de divertissement hivernal au monde, dont l’édition 2023 va débuter fin octobre. 14 zones thématiques réparties dans la capitale saoudienne proposent pendant cinq mois une sélection variée de spectacles et d’expériences à destination de tous les publics. Le royaume organise aussi le Jeddah Season qui, chaque année, accueille diverses représentations culturelles.
La stratégie visant à faire de l’Arabie Saoudite une place forte du tourisme et du divertissement dans la région. Et c’est aussi marquée ces dernières semaines par les investissements pharaoniques mis en œuvre pour faire du championnat de football saoudien une référence régionale. Cela se confirme avec l’arrivée de nombreuses stars du ballon rond comme Cristiano Ronaldo, Karim Benzema ou aussi Neymar.
Tourisme, sport et divertissement : la stratégie tous azimuts de MBS
Sport et divertissement se fondent tous deux parfaitement dans la stratégie défendue par MBS. Il vise à faire de l’Arabie Saoudite un pôle d’attractivité qui dépasse les frontières des enjeux géopolitiques liés au pétrole. Il s’agit de secteurs économiques porteurs et à forts potentiels de croissance où l’Arabie Saoudite (comme ses voisins) dispose d’avantages compétitifs (positionnement géographique et climat notamment).
« L’Arabie Saoudite a décidé d’investir massivement dans le sport, le divertissement, la culture, les industries créatives ». C’est ce qu’à récemment décrit le journaliste de France Inter Pierre Haski, spécialiste de géopolitique. Il a aussi expliqué la double raison de ce choix stratégique. Une raison intérieure d’abord car « le prince héritier a fait le choix d’ouvrir les vannes d’une société très conservatrice. Mais dans laquelle les deux tiers de la population ont moins de trente ans ».
L’ouverture au divertissement et au sport serait donc une manière de satisfaire cette frange jeune de la population saoudienne. Mais pas seulement, car la deuxième raison de cette révolution copernicienne est internationale. MBS « joue la carte du soft power », selon Pierre Haski.