Pour les petits maux du quotidien, qu’il s’agisse d’une migraine, d’une grippe ou d’un rhume, les Français ont tendance à l’automédication. Pourtant, selon le magazine 60 Millions de consommateurs paru ce mardi, ces médicaments accessibles sans ordonnance médicale peuvent s’avérer dangereux.
A cet effet, la revue a publié « une liste noire« , en précisant que près d’un sur deux de ces produits pharmaceutiques est « à proscrire« . Voir notre article sur les médicaments classés dangereux pour la santé.
Les anti-rhumes, des médicaments dangereux
Au total, 62 médicaments ont été « passés au cribles« , sous le contrôle du professeur Jean-Paul Giroud, un pharmacologue renommé, membre de l’Académie de médecine.
Seuls 21 % (ou 13) d’entre eux sont « à privilégier« , comme Maalox sans sucre, Vicks, Forlax 10 G, Imodiumcaps, Vaporub, Gaviscon menthe et Vicks. Ils sont considérés comme ayant « un rapport bénéfice/risque favorable« .
Un tiers de ces médicaments est classé « faute de mieux« . On ne peut déterminer avec certitude leur efficacité, mais ils présentent rarement, ou pas du tout, d’effets indésirables.
Par contre, la moitié, soit un médicament sur deux (28), est « à proscrire ». Dans cette « liste noire » figurent Strefen sans sucre, présentant des risques d’hémorragies digestives, ainsi que les fluidifiants bronchiques.
On y trouve également « des stars anti-rhume » comme Nurofen Rhume, Actifed Rhume et DoliRhume. Ces remèdes renferment de l’antihistaminique (contre le nez qui coule), du vasoconstricteur (contre le nez bouché) et du paracétamol ou de l’ibuprofène (contre le mal de tête).
Un cocktail puissant qui exposent à des risques de surdosage, et à des effets secondaires graves comme des vertiges, ou encore des troubles cardiovasculaires. Pour 60 millions de consommateurs : « En somme, pour décongestionner un nez bouché, on met un bazooka à la disposition des malades. »
Le périodique de la revue de l’Institut national de la consommation (INC) relate également le cas d’une pharmacie bordelaise qui refuse de vendre de la pseudoéphédrine, une molécule à effet vasoconstricteur. En effet, selon le Pr. Giroud, cette substance présente « des risques d’accidents cardio-vasculaires et d’AVC. »
Concernant la toux, seul un médicament est à privilégier, et 60 % à proscrire. Pour 60 millions de consommateurs : « C’est l’hécatombe par rapport à l’étude que nous avions réalisée en 2015, où il y avait 35 % de médicaments à privilégier et seulement 50 % à proscrire« .
En effet, depuis juillet, les sirops et comprimés à base de dextrométhorphane, un produit utilisé contre la toux sèche, ne sont plus délivrés sans ordonnance. Les adolescents utilisent cet actif pour des cocktails « purple drank« , mêlant sodas et médicaments.
Actuellement, il existe 4 000 médicaments en vente sans ordonnance. 600 d’entre eux sont en accès direct à la pharmacie. Pour le Pr. Giroud, ils « devraient être retirés du marché« . Il regrette notamment le manque d’information, car « le public ne connaît les médicaments que par la publicité« .
De plus, il pointe du doigt ces produits pharmaceutiques aux effets nocifs, dont l’efficacité reste discutable : « si le risque zéro n’existe pas, malheureusement, l’efficacité zéro, elle, est indiscutable pour plus de 55 % des médicaments d’automédication. »