Thomas Pesquet répond aux questions des journalistes dans cette conférence qui a eu lieu à Cologne en Allemagne, pour expliquer ce qu’il a vécu, ressenti durant sa mission Proxima à bord d’ISS et à travers les trajets de Soyouz.
Revivez de la première conférence de Thomas Pesquet sur Terre
L’astronaute qui a bien récupéré (il devrait regagner son appartement en fin de semaine).
« J’espère retourner dans l’espace dès que possible »
Premier ressenti après l’atterrissage de Soyouz, les odeurs et le vent !
L’air frais, je n’en ai pas eu pendant six mois. L’air, les odeurs. Je sentais donc même le savon et le déodorant des gens autour de nous à l’atterrissage. Et cet atterrissage était l’un des moments les plus risqués de la mission, j’étais donc heureux, soulagé. Je retrouve la Terre, la nature, les bruits, les odeurs… Mais je pense à mes trois collègues restés là-haut, c’est vrai. J’aurais bien voulu les aider encore
Malgré l’entrainement, Thomas a fait 20 à 30% de découvertes :
Pour un vol de six mois dans la Station spatiale internationale, on ne peut pas tout savoir, tout prévoir. Sur une mission de 6 mois, même si je me suis entraîné 7 ans, je pense qu’il y a de 20 à 30% des tâches que j’ai découvertes.
Son expérience préférée à bord d’ISS ?
L’expérience Marès sur l’étude des muscles en apesanteur. Il y a beaucoup de matériel, beaucoup de contraintes, c’est complexe, mais ça fonctionne, c’est passionnant. Et au final, c’est un succès !
A propos des nombreux échanges avec les enfants :
J’ai adoré ça. C’est surprenant. Comme cette question : ‘Mais si quelqu’un meurt, qu’est-ce que vous en faites ?’ Et je ne le savais pas ! Je me suis renseigné, il y a des procédures. Mais en 7 ans d’entraînement, je ne m’étais pas posée cette question-là…
Quand j’étais gamin, j’aurais rêvé de vivre une expérience spatiale et de communiquer avec ces personnes. Je n’avais pas Internet petit donc ce n’était pas possible.
Une chose qui peut vous manquer sur Terre ?
L’apesanteur, c’est le bonheur, la légèreté absolu. Au retour, on pèse une tonne.
A propos des partages de photos sur les réseaux sociaux :
photo de Lyon depuis ISS par Thomas Pesquet (mars 2017)Le regard change parce que l’on comprend bien des choses de là-haut. La chance que j’ai eu, c’est que l’abstrait est devenu concret pour moi. La fragilité de la planète, je l’ai vécue de l’espace. Et ça m’incite à demander aux gens de faire plus et mieux. Sortir de l’accord de Paris, c’est irresponsable. Il va falloir s’organiser pour que ça marche quand même et je vais me mobiliser pour ça
Je n’en avais pas vraiment conscience là-haut. Et je n’avais pas beaucoup de retours sur ce que j’envoyais. On me disait comment ça marchait, mais c’était indirect. De toute façon, ce n’étais pas un but en soi. L’objectif, c’était le partage, le devoir d’expliquer. Je n’avais rien à vendre pour moi. Je représente un projet.Moi, je photographie la Belgique de nuit et les autoroutes de ce pays sont toutes éclairées. Si certains trouvent que c’est trop, que c’est dommage pour l’environnement, ils peuvent le dire. Moi, ce n’est pas forcément ma mission. Je témoigne, je vois, je regarde. Après il y a un travail que les gens doivent faire. Pour les guerres, c’est la même chose. Je fais des photos, j’ai fait des images de zones de conflit mais il y a un travail après qui n’est plus le mien
Qu’est-ce qui manquait le plus à Thomas Pesquet à bord d’ISS ?
Ma compagne, d’abord, bien sûr. Et puis, les gens de l’ESA m’avait préparé des surprises, des cadeaux, du fromage… Dans l’espace, les douches chaudes m’ont manqué aussi
Comment doit-on vous appeler ? Spationautes, cosmonautes ou astronautes ?
Les programmes spatiaux ont d’abord été nationaux. Ça change. En France, on dit plutôt spationaute. Pas astronaute, on ne va pas dans les étoiles. Les Russes disent cosmonautes. Mais de toute façon, c’est le même métier, on fait le même boulot.