Quand on vous propose de passer une journée entière avec un navigateur sur son bateau, il est difficile de refuser. Nous avons donc été conviés sur le bateau de Thomas Coville et Jean Luc Nelias, à bord du Sodebo Ultim, ce trimaran qui participe à la Transat Jacques Vabre 2015. Un départ ce 25 octobre pour une arrivée espérée vers le 5-6 novembre.
Nous avons navigué plus de 24 heures sur cet immense bateau (31m de long pour 21m de large), de la Trinité sur Mer au pour du Havre, lieu de départ de la Transat, entre le 14 et le 15 octobre.
Même pour un convoyage, nous avons été frappés par la foule venue assister au départ du Sodebo Ultim, tout comme tous les marins nous observant quitter le port.
Un dernier baiser à son fils qui naviguait en classe de mer et Thomas Coville prend la barre afin de se préparer pour leurs défis. Parce que ce convoyage servira pour la course. Thomas et Jean Luc vont simuler plusieurs départ de course. Un entrainement comme un autre pour être prêt pour le vrai départ donné ce 25 octobre, vers 13h30.
Le Sodebo Ultim est un trimaran gigantesque, qui possède un mat de 35 mètres, capable « de voler » aux alentours de 40 noeuds, près de 74 km/h !
Un engin bourré de technologie, avec des indicateurs de vitesse, d’orientation du vent et de sa puissance. Dans la cabine, Jean Luc Nélias est l’expert météo. Il veillera à ce qu’ils prennent les meilleures directions. Parce qu’être navigateur, c’est avant tout être un ingénieur. De la conception du bateau, à l’étude de l’aérodynamisme, et de sa maniabilité, aux prévisions météorologiques, il faut déjà être très calé et avoir de très bonnes bases mathématiques.
Un physique de sportif de haut niveau
Ajoutez à cela un effort physique incroyable, la plupart du temps dans des conditions météos exécrables, avec une stabilité irrégulière, et vous êtes presque dans ce milieu. Parce qu’une course comme la Transat, c’est 15 jours intense. Une course non stop. Autant vous dire qu’après avoir affronté les courants de la Mer du Nord après avoir passé le Cap d’Ouessant, nous avons compris le sens du mot « brasser ». Une mer déchainée, qui fait tanguer le bateau d’avant en arrière. Il ne nous aura pas fallu attendre longtemps pour avoir mal au coeur. Mais on a tenu bon, parce qu’on a un immense respect pour ces messieurs qui partent sans savor ce qu’il peut arriver durant leur traversée. Parce qu’ils sont conscients des risques extrêmes qu’ils encourent.
La traversée de la Transat à 2 leur permet de dormir environ 3h chacun son tour. En solitaire, ce sont des micro-siestes de 20 minutes. Ne cherchez pas le confort, vous n’en trouverez pas dans la cabine, même dans la soute.
On dort parce qu’on est épuisés. Epuisés par les manoeuvre pour déplier ou ramener les voiles (une grand voile de 283m2 et au max au portant : 663m2), qu’il faut ensuite ranger. On parle d’immense toile qui peuvent peser jusqu’à 120 kg. Et on vous le rappelle, on doit les ranger alors que le bateau navigue par exemple à plus de 20 noeuds, en plein crachat, ou de nuit, éclairé par la frontale qui est indispensable.
Hygiene de vie et toilettes de luxe
Si vous vouliez savoir si on a pu bénéficier d’une toilette, vous n’aviez pas lu plus haut que le confort de la literie était inexistant. Il en va de soit pour la toilette. Les navigateurs peuvent se laver dehors, quand un petit crachin ou en utilisant l’eau captée dans la bache de la grande voile. Et si cela n’est pas possible, une serviette hygiénique fera le travail. Le lavage des dents est très important pour un navigateur, tout comme la prise de repas. Thomas Coville respecte scrupuleusement ces horaires pour garder un rythme de vie « normal ». Un manquement de ces règles peut désorienter un skipper et son équipe.
Thomas Coville et Jean Luc Nélias, qui possèdent deux personnalités très fortes, nous ont accueillis à bras ouverts lors de ce convoyage et leur humour, affection nous a comblé. A ce moment là, nous faisions partie de la grande famille de la voile et de la petite des navigateurs. Un souvenir que l’on n’est pas prêts d’oublier, comme ces paysages et couchers de soleil majestueux.
Vous pourrez suivre les aventures de Thomas et Jean Luc sur le Sodebo Ultim, sur le site dédié, Facebook & Twitter.