Le fonctionnement de Daesh, cette organisation terroriste nébuleuse, semble souvent opaque. Dans cet article détaillé, vous découvrirez comment Daesh fonctionne, d’où provient l’argent qu’elle utilise, et comment elle le dépense.
Le fonctionnement de Daesh en bref
Drogues, taxes, pétrole pour les revenus principaux. Soldats, armes, pots de vin et hôpitaux pour les dépenses. Voila comment résumer le fonctionnement de Daesh. L’organisation terroriste mène la guerre tout en essayant d’installer son pouvoir dans les régions de la Syrie et de l’Irak qu’elle contrôle.
L’État islamique tire donc ses principaux profits de la revente de pétrole, l’une des principales ressources naturelles du Moyen-Orient. A cela s’ajoute évidemment une variété d’entreprises parfaitement illégales. Ces importantes liquidités sont nécessaires pour soutenir l’effort de guerre de Daesh, et constituent aussi un moyen d’établir un nouveau califat, c’est à dire un état où seule leur interprétation extrémiste du Coran sera tolérée.
Daesh pourrait aisément être l’organisation terroriste la plus riche du monde, mais celle-ci est actuellement contrainte de dépenser la quasi-totalité des profits qu’elle génère. Explications.
Une récente étude a constaté que l’État Islamique dépensait environ 80 millions de dollars par mois pour le dernier trimestre de l’année 2015. Celle-ci a cependant du drastiquement réduire ses dépenses ces dernières semaines en ce qui concerne son armée.
Selon les experts, la structure de Daesh est semblable à celle d’un régime dictatorial moderne. Un document récupéré récemment a mis en lumière le fait que l’organisation terroriste était capable de mener la guerre tout en améliorant sa structure. Comprendre d’où provient l’argent généré par l’État Islamique est comment il le dépense est donc primordial pour le vaincre.
D’où provient l’argent de Daesh ?
Le Pétrole
Les nombreux gisements de pétrole disséminés à travers tout le Moyen-Orient fournissent à l’État Islamique une grande partie de ses revenus (environ 43% de ses revenus totaux).
Beaucoup de régions d’Irak et de Syrie riches en ressources pétrolières sont donc passées sous le contrôle de Daesh. L’organisation terroriste les utilise directement pour ses propres besoins, ou les revend aux entreprises locales. Pour le reste, il est compliqué d’établir des chiffres précis en ce qui concerne leur revente hors des terres contrôlées par celle-ci. La Russie a récemment accusé la Turquie d’avoir acheté certaines de ces ressources, et le premier ministre turc a affirmé qu’il démissionnerait si la culpabilité de son pays était prouvée.
Pour faire de l’argent, Daesh est en contact avec de nombreux trafiquants et intermédiaires douteux qui lui achètent du pétrole avant de le revendre ailleurs. Ce marché noir permet évidemment à l’organisation terroriste d’obtenir d’importantes liquidités. Plusieurs des installations pétrolières détenues par Daesh ont d’ailleurs été récemment la cible de frappes russes tentant d’endiguer le phénomène.
Le pétrole représente la majorité des exportations réalisées par l’État Islamique, et lui permet de renflouer ses caisses.
Les taxes
L’organisation terroriste impose d’importantes taxes sur tous les produits et services qu’elle propose. Son influence à ce niveau est donc bien supérieure à celle de la majorité des gouvernements traditionnels. Environ 50% de son chiffre d’affaire provient des taxes.
Un expert résume son fonctionnement :
« Leur modèle économique est fortement axé sur l’utilisation d’intermédiaires et la prise d’importantes commissions. Cela signifie donc que l’État Islamique est capable de faire des profits dans des secteurs où il ne participe pas directement à l’économie. »
Ces taxes ou impôts sont collectés dans le cadre de la Zakat, l’un des cinq piliers de l’islam. Ceux-ci sont prélevés par le califat et concernent les musulmans disposent d’un certain revenu. Ainsi, Daesh prélèverait environ 2.5% du patrimoine d’une personne en temps de guerre. D’autres sources affirment quant à elles que l’organisation dépense énormément en pots de vin afin de bénéficier de l’indulgence de Bachar al-Assad.
Drogues, vols et enlèvements
Parmi les autres moyens mis en œuvre par Daesh pour s’assurer d’importants revenus, on note évidemment la présence d’entreprises criminelles. Parmi eux, le hold-up. Le trésor américain a déclaré que l’État Islamique aurait volé environ 1 milliard de dollars au cours de l’année 2014. Une somme importante qui a permis à l’organisation de se développer rapidement.
Autre pratique lucrative, l’enlèvement. L’organisation terroriste a été rendue célèbre grâce aux nombreuses exécutions d’otages qu’elle a publiées sur la toile. La plupart d’entre eux avait été enlevés et longuement détenus en otage, forçant leurs pays à payer d’importantes rançons. Actuellement Daesh exigerait de dizaines de millions d’euros pour chaque otage.
L’État Islamique est aussi accusé de pratiquer d’importants trafics de drogue, d’antiquités, d’objets de collection et même… de personnes.
Comment l’argent de Daesh est-il dépensé ?
L’armée et les soldats
Daesh rémunère largement ses soldats et fournit même une allocation à leurs familles. Plusieurs rapports évoquent d’ailleurs les montants moyens de ces rémunérations, et ceux-ci tourneraient autour des 1.000 dollars par mois, c’est à dire un salaire énorme dans cette région du globe. Évidemment, avec de tels gains, nombreux sont les hommes prêts à rejoindre les rangs de son armée et participer au djihad.
A cause des récentes baisses de revenus liées à la vente de pétrole, Daesh a cependant du drastiquement réduire le salaire alloué à ses soldats.
Les armes
Évidemment, l’État Islamique dépense énormément pour s’approprier armes et matériel militaire. Lorsque celui-ci a été fondé, il a mis la main sur d’importantes caches d’armes à travers le pays. Parmi le matériel obtenu, des véhicules militaires Hummer appartenant à l’armée américaine, ou encore des chars soviétiques.
Selon certains rapports, la Turquie aurait envoyé des armes aux rebelles islamistes dès la fin de l’année 2013. Évidemment les pays proches de la Syrie et de l’Irak ont formellement nié ces allégations.
Selon un rapport publié par Amnesty International, les armes de contrebande circulent dans la région depuis des décennies, et le phénomène est extrêmement difficile à endiguer. Cela explique la facilité avec laquelle Daesh a pu construire sa propre armée.
Patrick Wilcken, chercheur travaillant sur le contrôle des armes et leur commerce pour Amnesty International a déclaré :
« L’armement important et varié utilisé par le groupe armé se faisant appeler « État Islamique » est un cas d’école. Celui-ci démontre toutes les dérives qui peuvent être constatées lorsqu’une région donnée souffre du commerce souterrain. »
Les Médias et la propagande
La propagande est l’une des principales armes employées par l’État Islamique, et celui-ci dépense énormément afin de s’assurer que son message est entendu et repris, loin, très loin de ses frontières.
L’organisation dispose de sympathisants partout à travers le monde, et ceux-ci sont chargés de démarcher et de recruter des soldats prêts à faire le djihad. Leur outil de prédilection est évidemment internet, où il est très facile de repérer la proie parfaite.
De nombreuses vidéos ont été publiées par Daesh, dans celles-ci on peut y voir de jeunes syriens être formés au maniement des armes, effectuer des activités sportives ou prier.
Le groupe terroriste dépense environ 3% de son budget global dans la production de contenus divers et variés, parmi lesquels des vidéos ou encore des brochures.
Selon un spécialiste :
« Ils dépensent énormément d’argent lorsqu’il s’agit de publier des brochures, des livres ou encore des supports de haute qualité pour leur machine de propagande. »
L’affirmation de l’État Islamique
Daesh tente aussi d’étendre son contrôle en jouant le rôle d’un gouvernement national. Cela signifie que l’organisation participe à la construction de routes et finance l’ouverture d’écoles et le fonctionnement des hôpitaux des régions qu’elle contrôle d’une main de fer.
Cela engloutit une bonne partie de son budget, mais le retour sur investissement est intéressant en raison des taxes et impôts qu’elle fixe.
C’est un façon pour elle d’envoyer un message fort aux habitants des régions qu’elle occupe, une manière d’affirmer son règne et son influence. De cette façon, Daesh espère devenir un symbole tout en minimisant la violence et la cruauté de ses agissements.
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