Voici comment l’équipe en charge des effets spéciaux sur Fast and Furious 7 a travaillé pour honorer la mémoire de Paul Walker. Il s’agit d’un véritable travail de titan. On rappelle que l’acteur avait disparu tragiquement suite à un accident de voiture fin 2013.
Toutes les images présentées dans cet article sont le fruit du travail acharné des équipes de Weta Digital. Les incrustations du visage de l’acteur ont toutes été réalisées numériquement.
Une performance inachevée
Juste avant que le septième volet de la célèbre franchise chère à Universal ne sorte en salles, l’acteur Vin Diesel avait affirmé que Fast and Furious allait remporter l’Oscar du meilleur film. Si le film a connu un succès commercial retentissant, il est évident qu’il était très loin de pouvoir prétendre à une telle récompense. Cependant, il faut tout de même souligner le travail acharné des personnes en charge du montage, du son, de la musique et des effets visuels.
Lorsque le film est sorti en avril dernier, de nombreux médias avaient expliqué brièvement comment l’équipe en charge des effets visuels avait réussi à recréer et incruster des images de Paul Walker décédé en novembre 2013 avant que le tournage ne soit achevé. Ces anecdotes n’étaient en fait que la face visible de l’iceberg. Les scènes les plus compliquées à réaliser n’étaient pas les séquences d’actions spectaculaires, mais plutôt les gros plans de Paul Walker qui nécessitaient des effets et des techniques encore jamais utilisés auparavant.
Joe Letteri, superviseur des effets spéciaux chez Weta Digital a précisé :
« Nous avons du en quelque sorte « compléter » la performance de Paul Walker sur ce film et imaginer comment il aurait interprété les scènes manquantes s’il avait été en mesure de continuer. Il n’y avait aucun moyen d’éviter les gros plans, cela aurait floué sa performance et aurait été très dommageable pour le film dans son ensemble. »
L’impressionnant travail réalisé par les équipes de Weta Digital
La société Weta Digital est basée en Nouvelle-Zélande, dans la ville de Wellington. Celle-ci a rejoint le film Fast and Furious 7 quand le producteur Neal Moritz et le réalisateur James Wan ont décidé que celui devrait rester fidèle à leur vision première, et ce malgré le décès de l’acteur. Il fut donc décidé que Walker serait présent dans un maximum de scènes. Ainsi Weta Digital a créé ou modifié près de 350 plans dont la plupart impliquaient le personnage joué par Walker.
En avril dernier, le réalisateur James Wan évitait soigneusement les questions qui concernaient la post-production de peur de paraître irrespectueux à l’égard de Paul Walker. On en sait aujourd’hui beaucoup plus.
Contrairement au travail de capture de mouvements réalisé par Weta sur les précédents films auxquels elle participait, il n’y avait cette fois aucun scan de Walker afin de faciliter la création d’un double numérique. L’équipe a donc du constituer une véritable « bibliothèque visuelle » de Paul Walker ou plutôt Brian O’Conner. Elle a donc utilisé plusieurs scènes non-utilisées de Fast and Furious 7, ainsi que des chutes des précédents films de la franchise. Principal problème : ces scènes ne disposaient évidemment pas de la lumière adéquate et l’équipe a du développer des techniques numériques novatrices afin que l’illusion soit parfaite.
Des techniques novatrices en matière d’effets visuels
Martin Hill, superviseur des effets visuels chez Weta, affirme que la séquence du bus a été largement citée dans les médias, bien qu’elle ait été beaucoup plus simple à réaliser que les simples scènes filmées en gros plan où Walker restait assis ou discutait :
« C’est beaucoup plus compliqué dans ces cas-là, parce vous ne disposez ni d’un montage frénétique ni d’effets spéciaux qui pourraient détourner l’attention du spectateur. »
« Lors d’une séquence, Paul Walker essaie de se rendre à Los Angeles le plus vite possible et réagit de manière subtile à la blessure de Kurt Russell qui est installé sur la banquette arrière. C’est ce genre de performance très nuancée qui est extrêmement difficile à obtenir avec ces techniques. »
L’équipe a donc numérisé les corps et les visages de deux frères de l’acteur, Cody et Caleb, ainsi que ceux de l’acteur John Brotherton (qui avait un physique et une teinte de peau similaire à celle de Walker). Les trois hommes ont suivi les instructions du réalisateur. La société Weta s’est ensuite chargée de capturer leur travail et l’a ensuite associé numériquement aux modèles de Paul Walker qu’elle avait créés.
Ces modèles numériques inclus un énorme travail sur le rendu des cheveux et de la peau de l’acteur (notamment la manière dont ses muscles faciaux se déplaçaient lorsqu’il fronçait ou haussait les sourcils et la façon dont ses cheveux bougeaient en fonction du vent) ainsi que sur la manière dont il clignait des yeux.
Clap de fin pour Brian O’Conner
Pour Hill, l’objectif principal était de créer un être numérique photoréaliste capable d’agir, d’interagir et de se déplacer de manière crédible à l’écran :
« La technologie a évolué si rapidement, cela aurait été tout simplement irréalisable il y a cinq ans ».
« On a fait ça pour l’acteur, ses millions de fans, et pour rendre hommage à son personnage de Brian O’Conner. »
Le film était un projet très ambitieux qui impliquait le travail de plusieurs sociétés spécialisées dans les effets spéciaux numériques (notamment Digital Domain et Scanline). Tout le travail de post-production a donc été intense et nécessitait une coordination de tous les instants. A cela venait s’ajouter la pression du temps et la pression émotionnelle.
Hill a terminé en expliquant qu’il avait ressenti beaucoup de tristesse en travaillant sur ces scènes, mais que le résultat obtenu constituait assurément le « point d’orgue de sa carrière » :
« Nous savions que nous faisions quelque chose de très spécial, que ce soit pour les fans, l’équipe en charge du tournage, les acteurs et la famille de Paul. Nous voulions lui donner le clap de fin qu’il méritait. »
Pour aller plus loin vous pouvez aussi découvrir cette impressionnante technologie qui permet un rendu ultra-réaliste des visages virtuels ainsi que la scène finale de Fast and Furious 7 recréée dans GTA V.