Puisque je n’avais pas pu couvrir le Festival de Deauville cette année, puisque j’étais à Malte, je vous ai demandé sur Twitter si cela vous interesserait de prendre ma place.

 

Du coup, c’est Olivier aka Monsieur-O, qui nous fait le plaisir de vous découvrir les coulisses du Festival du film américain de Deauville 2012 :
 

Deauville, day 1

Si vous n’avez jamais mis les pieds à Deauville, disons que les trois quarts de l’année, ca ressemble plutôt à ça :

C’est un peu cliché, mais Deauville EST un peu clichée. Testez le matin à la machine à café :

– T’as fait quoi ce week-end ?
– J’étais à Deauville !

CE regard un peu navré et condescendant de votre collègue, c’est de ça que je vous parle. Maintenant, quand, en plus d’avoir la chance de se faire offrir des places pour le 38ème Festival du Film Américain (de Deauville pour ceux qui ne suivent pas), le thermomètre affiche fièrement ses + de 30° sans un pet de nuage à l’horizon, tout ça, vous vous en foutez un petit peu !

Dilemne une fois sur place, la tentation est forte d’envoyer balader le festival et de passer le week-end à fureter dans les rues et à lézarder sur la plage…

Mais bon, bon, bon, la bonne conscience m’impose de rejoindre les salles obscures. Première mission, récupérer mon accréditation : CHECK !

Ce qui est pratique à Deauville, c’est que les trois salles du festival se trouvent à moins de 500 mètres de distance les unes des autres, ca permet de ne pas cavaler à droite à gauche . Direction donc le CID pour ma première séance : Compliance de Craig Zobel.

Ah, oui… alors, si vous avez l’habitude de voir vos films à l’UGC du coin, les pubs avant le film ? Vous oubliez. Nan là c’est plutôt ambiance Star Wars, les FX en moins.

Autre chose, vous spottez un mec en costard qui rentre après que les lumières se soient éteintes, vous applaudissez. Ce sera souvent le réalisateur, ou un acteur, ou un mec lambda qui aura ses 15 secondes de gloire gênées.

Compliance donc ! Un Phone Game like angoissant sur fonds d’expérience de Milgram IRL, et malheureusement inspiré de faits réels (c’est marqué en gros dès le début du film). Un film qui a mis pas mal de gens mal à l’aise, mais à voir !
Next, Deauville c’est un festival du film… Mais pas que, on peut aussi y voir les premiers épisodes des séries cultes du moment. En milieu de journée c’était Girls, et ce soir : The Newsroom d’Aaron Sorkin !

Le sujet est riche, passionnant, les personnages sont cools, MAIS… parfois les dialogues sont un tout petit peu trop écrit, et surtout c’est supeeeer violonnant. Fin de l’épisode 2, High and Dry de Radiohead en fonds musical et gros plan sur la statue de la liberté… COME ONNNNNNN…

Dernier film de la journée : Take this Waltz de Sarah Polley : une comédie romantico dramatique, on ne peut plus éloignée des canons du genre. On y retrouve Seth Rogen dans un rôle très différent de celui d’En cloque, mode d’emploi. Il campe Lou marié à Margot (Michelle Williams) depuis plusieurs années. Complices, mais déjà un peu usés par le quotidien. Un frêle édifice que l’arrivée de Daniel, leur voisin, va balayer.

Ce film est le petit bijou de ma première journée. Un film qui dit l’amour naissant et celui finissant dans une finesse de trait peu commune au genre. Seth Rogen et Michelle Williams jouent à merveille la partition des instants anodins qui disent tout d’une rupture à venir. La passion qui s’éteint, la colère sourde, la frustration, la douleur de trahir et d’être trahi, et peut être dans ses dernières minutes l’illusion et la vanité de ce “nouveau départ”.

Deauville, day 2

Levé de bon matin histoire de profiter un peu du soleil et de la plage. Idéal pour bien commencer la journée. Je veux la même chose tous les matins à Paris, possible ?

Place au cinéma, avec Booster de Matt Ruskin. Je n’en ai pas entendu beaucoup de bien la veille, mais je l’avais noté dans ma liste. Hélas, trois fois hélas, le verdict confirme la rumeur : le film se révèle l’exact opposé de ce que son titre suggère. Long et chiant. Next…

Et le next mérite que l’on s’y attarde car il s’agit des Bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin, Grand Prix du Jury et prix de la révélation Cartier, après la Caméra d’or remportée à Cannes.
Hushpuppy, une petite fille de 6 ans, vit avec son père dans un bidonville situé dans une zone inondable en plein bayou. Alors qu’un ouragan menace de tout ravager et que la santé de son père décline, elle décide de partir à la recherche de sa mère. Voilà ce que le pitch raconte, mais ce n’est le coeur du film. La magie, la fragilité, la beauté de ce film vient de ce que le spectateur vit l’histoire toute entière par les yeux d’Hushpuppy. C’est magique et merveilleux par instants, effrayant et triste à d’autres. Difficile de ne pas verser une petite larme devant ce film, certes par moment décousu, mais surtout profondément émouvant.

Le dernier film du week-end, Your Sister’s Sister de Lynn Shelton est à l’exact opposé du précédent. Bon, ok, le film s’ouvre sur un anniversaire un peu particulier, puisqu’il s’agit de celui de la mort du frère de Jack dont il ne s’est toujours par remis. Sa meilleure amie, et ex de son frère, Iris lui propose alors d’aller passer quelques jours dans le chalet paumé de son père pour faire le point. Problème, à son arrivée, Hannah, la soeur d’Iris est là…
Sans bouleverser les canons du genre, le film joue sa partition avec justesse et légèreté et réserve quelques belles surprises. Un bon moment en somme, que demander de plus ?

Et c’est là où normalement j’aimerai pouvoir vous parler de Savages d’Oliver Stone en avant première, et The We and The I de Michel Gondry, mais il est déjà tard et l’heure de rentrer à Paris ! J’attendrais de pouvoir les découvrir en même temps que vous en salle.

En tout cas, que Saint Tuxboard et Sainte SNCF Intercités soient remerciés pour ce merveilleux week-end.

Amen.

Un grand merci à Olviier (Monsieur-O) pour son compte rendu.