Le chemsex est un phénomène de plus en plus répandu dans les milieux gays. Il consiste à avoir des rapports sexuels sous l’effet de la drogue.
Londres accueille de plus en plus d’orgies impliquant des hommes gays et bisexuels, où le sexe se mêle à la drogue. Ces parties fines, appelées « chemsex », peuvent durer plusieurs jours, pendant lesquels on se livre à tous les plaisirs, tout en consommant des produits désinhibants comme la métamphétamine en cristaux, le GHB ou encore la méphodrone.
Un phénomène qui prend de l’ampleur, boosté par les applications et les sites de rencontres. Mais d’où cette pratique peut elle bien provenir ? La limiter aux applications et à l’addiction aux drogues est une explication bien trop simpliste. Selon les chercheurs de l’Université d’East Anglia, elle trouverait son origine dans la gentrification.
La gentrification derrière l’émergence du chemsex
La gentrification peut être défini comme l’embourgeoisement d’un quartier, ou le fait que des personnes plus aisées « envahissent » une zone initialement occupée par une population défavorisée.
En 2006 et 2007, 58% des espaces de vie nocturne de la communauté LGBT à Londres ont été fermés. Les quartiers gays historiques comme Vauxhall se sont peu à peu vidés de leurs habitants, suite à la hausse des prix du loyer, et surtout, l’implantation d’établissements jugés plus « respectables ».
A Paris aussi, dans le Marais, beaucoup de bars gays ont fermé en quelques années, laissant la place à des magasins haut de gamme et des enseignes de mode.
De nombreux hommes gays et bisexuels se sont ainsi retrouvés nulle part où aller pour se « réfugier ». La solitude et l’isolement les ont alors davantage tournés vers les réseaux sociaux, les applications de rencontre … et le chemsex.
Une personne explique comment elle a fini par s’y adonner :
« Je me sentais vraiment seul. Je cherchais de la compagnie. J’étais vraiment déprimé de vivre à Londres … vous n’avez pas d’amis, vous n’avez pas de famille, vous vivez dans une grande ville … vous avez le week-end pour vous et vous ne savez pas quoi faire. »
Une autre témoigne :
« D’une certaine manière, vous profitez d’un club privé … tout le monde pense la même chose que vous.
Vous n’avez pas à vous soucier de quoi que ce soit parce que vous allez être dans un environnement où vous vous sentez en sécurité et quoi que vous fassiez, quoi que vous pensiez, quoi que vous disiez, vous serez très bien accepté. »
Si ses adeptes y trouvent un moyen de se sentir moins seuls, et de pimenter leurs jeux sexuels, le chemsex est toutefois dangereux. Le corps médical et les associations tirent la sonnette d’alarme, évoquant une « crise sanitaire ».
En effet, on assiste à une forte augmentation des cas de VIH et d’hépatite C, car le sexe y est (presque) toujours pratiqué sans préservatif, ainsi que des troubles mentaux comme l’anxiété, les tendances suicidaires et les psychoses, en raison de la prise des drogues dures. De plus, beaucoup de gens deviennent toxicomanes, en prenant l’habitude de consommer des stupéfiants dans un cadre autre que ces plans glauques. Une véritable descente aux enfers en somme.
L’association Aides dispose d’un numéro d’appel d’aide pour les « accros » au chemsex : 01 77 93 97 77. Il est également possible de contacter Drogue info service au 08 00 23 13 13 de 8 heures à 20 heures, 7 jours sur 7.