L’époque est aux séries, et avez-vous remarqué à quel point les génériques regorgent d’originalité et d’esthétique ? Cet effort concerne également les annonces de films, les façons dont les titres apparaissent à l’écran, et d’autres détails auxquels notre œil se laisse séduire sans s’en rendre compte. Ces mini-productions sont devenues un véritable enjeu commercial dont certaines entreprises, comme Imaginary Forces, en font leur domaine d’activité.
L’entreprise Imaginary Forces, créée en 1996, est spécialisée dans le storytelling visuel et la stratégie de marque pour les productions audiovisuelles. Avec un studio à Los Angeles et un autre à New-York, cette entreprise est aujourd’hui célèbre pour des productions mémorables comme les génériques des séries Chuck, Boadwalk Empire, The Pacific, ou encore Jessica Jones. L’un d’eux a même été primé : le générique de la série Mad Men (Emmy Award en 2008), que vous pouvez voir ou revoir ci-dessous :
Le but dans la production d’un générique consiste à refléter l’esprit de la série en quelques dizaines de secondes afin de mieux pénétrer son univers. L’œil du spectateur doit, dès les premiers instants, capter dans quelle atmosphère la fiction qu’il s’apprête suivre va le plonger. C’est pourquoi chaque plan a son importance, chaque personnage et objet doivent minutieusement être réfléchis avant d’apparaître à l’écran, tout comme les bruitages et la musique qui accompagnent ces images.
C’est justement le décalage de la série se déroulant dans les années 1960 avec une musique des années 2000, A Beautiful Mine de RJD2, qui donne toute son intensité au générique de Mad Men.
La typographie des noms d’acteurs ainsi que celui du titre est également un élément capital pour la construction graphique d’un film ou d’une série. Prenons les deux exemples ci-dessous : The Stranger Things et Black Sails.
The Stranger Things renvoie clairement à une typographie d’un film des années 1980 avec une couleur rouge sur un fond noir qui ne sont pas sans rappeler un côté obscur, voire démoniaque, dans lequel la série se développe bel et bien. Pour Black Sails c’est idem, le titre est sobre, sur un fond noir, à côté de deux pirates qui grimpent sur un drapeau. On peut aisément deviner le pavillon d’un navire pirate, élément central de la série.
Bien que ces éléments paraissent anodins, ils se révèlent l’enjeu de réflexions profondes lors de la phase de création afin d’optimiser l’entrée du téléspectateur dans la série en lui donnant un sentiment de cohérence de bout en bout de la chaîne de production, de communication et de diffusion de l’œuvre. Plus l’univers sera dense et bien construit, plus il y a de chance que le téléspectateur adhère à l’univers et poursuive les épisodes afin de connaître la suite des événements.
Autre élément observable pour une meilleure immersion visuelle est la manière dont apparaissent ces titres à l’écran. Pensez alors à la manière dont le nom Marvel apparaît au début des films :
Ce genre de présentation se retrouve dans bien d’autres productions, telles que a Monster’s call par exemple :
Dans le même ordre d’idée, il peut être intéressant d’analyser (avec la sélection non exhaustive ci-dessous) comme les studios Warner Bros jouent avec leur logo (et le titre de leurs films) pour l’adapter à l’atmosphère du film au début duquel il apparaît.
D’autres studios procèdent de la même manière mais là n’est le but de ce billet. En effet, si nous revenons à l’entreprise Imaginary Forces, il s’avère qu’elle peut également être amenée à réaliser des bandes annonces. L’une de ses dernières, mettant en avant son savoir faire numérique et esthétique, n’est autre que celle du blockbuster Transformers Dark of the Moon.
Ces éléments nous montrent qu’un film ou les épisodes d’une série ne se suffisent pas à eux-mêmes pour gagner le cœur du public. D’autres éléments, parfois subtils, jouent un rôle important afin d’attirer les foules. Ces éléments sont ainsi la création de spécialistes.
Pour conclure ce billet avec une note humoristique à propos de l’importance de l’ancrage graphique et du storytelling autour d’un film ou d’une série, la vidéo amateur qui suit reprend le générique de la série Game of Thrones pour le transformer en une version des années 1990. Le décalage rétrospectif des images, de la typographie ainsi que de la musique est en désaccord avec l’univers que nous connaissons de cette série. Cela permet d’illustrer, une fois de plus, que chaque détail d’une production audiovisuelle est aujourd’hui un enjeu majeur pour sa réussite.