Vous avez déjà entendu parler de la cancel culture mais vous ne savez pas ce que c'est ? Voici tout ce qu'il faut savoir sur ce phénomène.
La cancel culture ou la culture du bannissement ! Qu’est-ce que c’est, d’où ça vient et quelles sont les conséquences de ce phénomène ? Explications.
Comprendre le wokisme
Avec l’émergence d’internet et des réseaux sociaux, les langues se délient. Aujourd’hui, on a beaucoup plus de facilité à dénoncer ce qui ne va pas dans le monde. Et de nombreux mouvements ont montré à quel point la force d’une communauté peut être impactante.
On pense par exemple au mouvement #METOO. Grâce à ce mouvement social, les femmes sont encouragées à prendre la parole pour dénoncer les viols et les agressions sexuelles dont elles sont victimes. Idem pour #Balancetonporc, la version française de ce mouvement à fort impact social.
Dans la foulée, on a aussi assisté à la montée d’un autre type de mouvement social, la cancel culture ou la culture du bannissement en français. Pour comprendre ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, il faut d’abord savoir ce que c’est que le wokisme, puisque la cancel culture en est une composante.
Le wokisme est un mouvement social qui a vu le jour aux Etats-Unis suite à celui des Black Lives Matter. Le terme vient du mot « woke » en anglais, pour dire « awake ». Soit éveillé. Ou plus précisément « conscient ». Les personnes qui se revendiquent de cette idéologie se considèrent donc comme des personnes « conscientes ».
Bien qu’il existe depuis de nombreuses années, le wokisme a aujourd’hui une définition plus générale. En effet, il définit un mouvement social plus large qui a pour but de dénoncer les injustices sociales qui existent au sein de notre société.
Poussée à l’extrême, cette idéologie donne naissance à la cancel culture. Qui devient une arme fatale et aux grandes conséquences pour certains. On vous explique tout !
C’est quoi la cancel culture ?
Le wokisme et la cancel culture sont deux notions liées. Mais en quoi cela consiste exactement ? Le terme vient de l’anglais « cancel », qui veut dire « annuler ». On comprend donc que c’est un processus au cours duquel une personne va être jugée pour ses prises de position, ses actions ou ses déclarations. Et elle sera donc « cancelled ». Soit « annulée ».
L’idée peut prêter au sourire si on pense qu’il s’agit d’une façon de « bloquer » quelqu’un dans la vraie vie, comme dans un épisode de Black Mirror. Mais cela n’a rien de fictif. Cette pratique existe bel et bien. Et parfois, ce sont des groupes d’individus ou des entreprises qui en sont victimes.
Si on veut expliquer la cancel culture de façon simple et rapide, c’est une composante du wokisme qui a pour but de dénoncer et mettre de côté certains individus, groupes ou société selon certains critères. Généralement ces derniers sont pointés du doigt pour leurs prises de position discriminantes en raison du genre, de la religion ou de l’origine ethnique.
Certains diraient qu’elle a simplement pour but de protéger les minorités. Surtout des personnalités qui ont des propos homophobes, xénophobes, transphobes, misogynes ou racistes !
Au cours des dernières années, les cas de cancel culture se sont multipliés. Mais alors comment ça fonctionne ? On vous dit tout.
Comment ça marche ?
Généralement, la cancel culture se fait en 3 étapes majeures. D’abord, l’identification du comportement problématique. Puis l’appel à la mobilisation de la communauté. Enfin, la personne visée subit les conséquences sur son travail.
À la première étape, ce sont généralement des internautes qui vont identifier des déclarations ou des comportements considérés comme offensants. Par exemple des commentaires racistes ou sexistes. Ou même des opinions politiques bien prononcées et très controversées.
Les personnes qui vont dénoncer le comportement problématique au début ne vont pas s’arrêter à l’action présente. En effet, ils peuvent parfois faire remonter des tweets vieux de plusieurs années.
Vient ensuite l’appel au boycott. La personne est en quelque sorte fichée pour son comportement. Ici aussi, le champ de bataille est encore une fois les réseaux sociaux. On voit aussi fleurir des pétitions à signer etc… Dans certains cas, des lettres officielles sont envoyées aux instances compétentes. Surtout lorsqu’il s’agit d’une personnalité publique ou du monde du cinéma par exemple.
Enfin, si l’appel à l’annulation prend de l’ampleur, l’artiste ou l’individu visé voit sa vie chamboulée. Cela peut aller de la simple perte de followers à la perte d’emploi !
Ces dernières années, on a pu assister à de nombreux cas de cancel culture. Et dans certains, les conséquences sont irréversibles.
De nombreux exemples de la cancel culture
En 2013, la cancel culture fait sa première victime. Justine Sacco, directrice de la communication d’une grande boite tweet qu’elle espère « ne pas attraper le sida » en allant en Afrique. Elle n’avait même pas atterri que la toile avait déjà pris soin de son cas. Son patron l’a viré pour ses propos. Et a eu droit à une vague de lynchage sur internet.
En 2016, c’est Taylor Swift qui est victime de cancel culture. Après avoir dénoncé Kanye West pour l’avoir mentionné dans sa chanson sans son accord, Kim Kardashian monte au créneau et dévoile un enregistrement de son consentement. Résultat: la chanteuse va disparaître des médias pendant une année.
« Quand on dit que quelqu’un est boycotté, ce n’est pas une émission de télévision. C’est un être humain. » confiait la jeune femme au magazine Vogue en 2019. « On envoie des messages en masse à cette personne pour qu’elle se taise, qu’elle disparaisse ou qu’elle le prenne pour un « suicide-toi. » explique Taylor Swift.
Ce cas de cancel culture reste assez marquant puisque 4 ans après l’affaire, on découvre l’enregistrement sans montage. Et il donnait raison à la jeune artiste !
Dans la cancel culture, l’aspect humain semble parfois inexistant. Et « faire table rase du passé » reste impensable. À suivre cette idéologie, chacun doit payer pour ce qu’il a dit ou fait. Ou, comme dans le cas de Taylor Swift, ce qu’on décide de lui faire porter comme accusation.
Aux Etats-Unis, la cancel culture fait encore de nombreuses victimes. Et les conséquences sont parfois irréversibles. Comme c’était le cas pour Mike Adams, prof de criminologie qui s’est donné la mort en 2020. Après avoir été victime de harcèlement et de menaces sur les réseaux sociaux à cause de ses opinions jugées « politiquement incorrectes ».