C’est presque prodigieux, tant l’annonce est rare. L’Église vient de reconnaître un nouveau miracle à Lourdes. Le dernier officiellement répertorié datait de 2013.
Sœur Bernadette Moriau est ce qu’on appelle une miraculée. Invalide depuis de nombreuses années, elle a été soudainement guérie suite à un pèlerinage à Lourdes.
Une vie troublée par un lourd handicap
C’est à seulement 19 ans que la jeune Bernadette Moriau entre dans les ordres. En 1958, elle rejoint la congrégation des franciscaines, puis devient infirmière en 1965.
Toutefois, en 1966, elle commence à ressentir de vives douleurs au niveau du dos, donnant lieu à quatre interventions chirurgicales. Sans succès. Son état empire, l’empêchant désormais de travailler, et de se déplacer normalement.
Ces années de souffrances, recluse et percluse, n’entament pas sa foi. Ainsi, en 2008, elle décide de se rendre en pèlerinage à Lourdes, et de recevoir le sacrement des malades.
La suite, c’est son diocèse qui la raconte, dans un communiqué. Une fois de retour chez elle, en Picardie :
« Elle ressent une sensation inhabituelle de relâchement et de chaleur dans tout son corps » et « perçoit comme une voix intérieure qui lui demande d’enlever l’ensemble de ses appareils, corset et attelle. »
Sœur Bernadette Moriau interrompt le jour même tous ses traitements, et elle a une bonne raison pour cela : elle est guérie !
Une guérison prodigieuse
Le docteur Alessandro de Franciscis est le quinzième président du Bureau des constatations médicales de Lourdes. Il est le premier à avoir examiné, en 2009, le cas de Sœur Bernadette, dans le cadre d’une procédure de reconnaissance des miracles.
Comme il l’a expliqué à l’AFP, son travail consiste, en effet, à rechercher la moindre « faute » dans le dossier médical du patient. Il s’appuie, pour cela, sur des « examens neurologiques, psychiatriques, imageries médicales… »
Bref, un point de vue purement scientifique, et surtout pas mystique. Le médecin le confirme d’ailleurs :
« Notre méthode de travail est très rigide, il n’y a pas de place au mirobolant. Lourdes est reconnue comme un lieu de guérison, pas forcément comme un lieu de miracle. »
Il donne des nouvelles de la miraculée :
« Sœur Bernadette Moriau a maintenant une vie parfaitement normale, elle est en très bonne santé et visite elle-même des malades régulièrement. »
Comment déterminer un miracle ?
Il a fallu plusieurs examens médicaux, des expertises et trois réunions collégiales du Bureau des constatations médicales en 2009, 2013, et 2013 pour décréter « le caractère imprévu, instantané, complet, durable et inexpliqué de la guérison ».
Une affirmation reprise par le Comité médical international de Lourdes (CMIL) en 2016, décrivant le phénomène advenu à la religieuse comme une « guérison inexpliquée, dans l’état actuel des connaissances scientifiques ».
Il faut dire que l’Église catholique est très pointilleuse en ce qui concerne les miracles. Sur les 7200 guérisons recensées à Lourdes, seules 70 sont reconnues comme étant prodigieuses.
Si beaucoup restent sceptiques concernant une intervention divine, il est toutefois certain que Sœur Bernadette Moriau peut maintenant savourer la vie à pleines dents. Après tout, la vie elle-même est un miracle.