Ian Fraser « Lemmy » Kilmister s’est éteint ce mardi à l’âge de 70 ans. Le leader du groupe britannique Motörhead était l’incarnation du mode de vie rock’n roll et avait contribué à redéfinir les contours du genre Heavy Metal. Retour sur son incroyable vie et sa carrière impressionnante.

La légende Motörhead

motorhead lemmy kilmister

Des décennies d’excès en tous genres, des milliers de kilomètres parcourus, des milliers de fans à travers le monde et des centaines de concerts, une empreinte musicale affirmée et légendaire, et une signature vocale inimitable obtenue à grandes gorgées de Whisky, voila comment on pourrait résumer succinctement le parcours incroyable de ce britannique qui défiait les lois, qu’elles soient humaines ou divines. Ne se refusant rien, Lemmy Kilmister était l’incarnation de l’artiste jusqu’au boutiste et droit dans ses bottes.

Le style Motörhead était unique. Flirtant avec les limites du Punk, du Rock et du Heavy, il était aussi défini par un son de basse lourd et ronflant sur lequel l’artiste posait sa voix. A l’aube de sa carrière, Lemmy avait expliqué qu’il puisait ses influences principales chez Elvis Presley et Little Richard et mettait en avant le fait qu’il faisait une musique qui ne ressemblait à aucune autre, car c’était la sienne.

Après un court passage dans le groupe de rock psychédélique et progressif Hawkind au début des années 1970 (duquel il sera congédié après son arrestation au Canada pour recel de substances illicites), il fonde Bastard en 1975, un power trio très axé punk-rock. C’est en réalité son manager qui insiste pour que son groupe soit rebaptisé « Motörhead« , un nom soi-disant plus en phase avec la musique pratiquée par celui-ci. La bête furieuse est née.

Motorhëad, c’est avant tout une style inimitable caractérisé par le son de basse vrombissant de Lemmy et son jeu basé sur des accords de puissance qui donnent au morceau une signature sonore immédiatement identifiable. Selon Kilmister lui-même, son groupe n’a jamais été bâti comme un pur groupe de Heavy, mais puisait ses principales influences dans un autre genre musical, le punk-rock britannique. L’artiste avait expliqué que c’était l’urgence et la violence presque primitive de la scène punk britannique qui lui avaient inspiré la direction à prendre avec Motörhead.

Adoptant aussi le mode de vie et l’attitude allant avec, il avait déclaré :

« Fondamentalement je voulais que Motörhead soit le Motor City Five (groupe américain précurseur du punk et du hard-rock) anglais. Je voulais que notre musique soit rapide et bruyante. Nous n’avons jamais été un groupe de Metal. Judas Priest et Black Sabbath sont l’incarnation même du Metal, mais nous ne nous sommes jamais considérés comme tel. »

Une ascension fulgurante

UK musician Ian "Lemmy" Kilmister performs on stage with the band Motorhead at the music festival "Rock am Ring" (Rock at the Ring) on June 6, 2008 in the southern German city of Nuremberg. The annual festival is scheduled from June 6 to June 8. AFP PHOTO DDP / CLEMENS BILAN GERMANY OUT (Photo credit should read CLEMENS BILAN/AFP/Getty Images)

L’ascension irrépressible de la New Wave of British Heavy Metal et ses mythiques représentants (Def Leppard, Iron Maiden, Saxon…) à l’aube des années 1980 a autant servi le groupe qu’elle l’a desservi. Motörhead pratiquant lui aussi une musique lourde, syncopée et populaire, le groupe a souvent été étiquetté comme membre fondateur du mouvement. Le look de Lemmy, mi-cowboy mi-rocker débraillé a aussi participé à cela, faisant de Kilmister une icône du genre Heavy Metal.

Motörhead a connu une ascension fulgurante au cours des années 1980, remplissant les salles et les stades du monde entier et s’installant durablement dans le cœur des fans américains. Celle-ci coïncidait avec l’avènement du mouvement Glam-Metal, un sous-genre originaire de Californie et dont les plus dignes représentants restaient le groupe décadent Mötley Crüe.

Ce n’est qu’au début des années 1990 que Lemmy fait ses bagages et s’installe à Los Angeles dans un très modeste appartement bourré de souvenirs nazis. Il passe alors ses journées accoudé au comptoir du célèbre Rainbow Bar and Grill. Réputé pour sa soif quasi-intarissable de femmes, l’homme n’hésite pas à poser avec des femmes légèrement vêtues, choquant l’Amérique puritaine et construisant sa légende.

Sous ses airs de macho fini, Lemmy Kilmister est pourtant un parfait gentleman et un homme réfléchi. Il est même l’une des rares icônes de la scène Metal a avoir publiquement affirmé que le traitement réservé aux femmes dans le milieu du Rock et du Heavy était dégoutant. Expliquant que les groupes féminins devaient souvent montrer leurs seins pour obtenir la première partie d’un concert.

https://www.youtube.com/watch?v=qmgJScj7Mrk

En parallèle de sa fructueuse carrière au sein de Motörhead, Ian Fraser Kilmister décide d’explorer d’autres voies musicales. Il forme The Cat Head, un groupe de rockabilly basé à Los Angeles et travaille aux côtés de la chanteuse du groupe Skunk Anansie.

Clap de fin pour Kilmister

lemmy kilmister mort

Quelques mois avant sa mort, c’est un Lemmy visiblement affaibli qui avait reçu un Lifetime Achievement Award lors de la convention californienne Bass Player Live! Celui-ci avait d’ailleurs été loué par ses pairs pour l’ensemble de sa carrière et sa contribution au monde de la musique. Parmi eux, Robert Trujillo, actuel bassiste du groupe Metallica, qui avait expliqué que l’homme était non seulement respecté pour son talent et sa carrière, mais aussi pour sa forte personnalité qui avait inspiré des légions de jeunes fans et les avait poussés à devenir bassistes.

Lemmy Kilmister s’est donc éteint des suites d’un cancer foudroyant le 28 décembre 2015, seulement quatre jours après son 70ème anniversaire. Il se préparait à une imposante tournée à travers l’Europe pour célébrer le 40ème anniversaire du groupe Motörhead, cela malgré de graves problèmes de santé et un diabète bien installé.

Lemmy était passé du Whisky à la Vodka pour rassurer ses médecins et assurer le show. Cette dernière phrase reste représentative de sa carrière et de sa personnalité définitivement rock n’ roll et décrit à merveille la vie d’un homme qui a tout donné pour la musique et le style de vie en lesquels il croyait.