Après un professeur d’histoire-géographie, c’est au tour d’un sportif de s’adresser à Nadine Morano.
Ganesh Pedurand est un nageur de 23 ans, champion de France du 200 mètres 4 nages, qui a tenu à répondre (lui aussi) dans une lettre ouverte suite aux propos polémiques de la femme politique.
Dans son billet, le nageur conseille notamment à Nadine Morano d’allumer sa télévision ou de se promener au bord d’un bassin, dans un stade ou le long d’un tatami. Il dit également que la France est « un pays laïc d’origine multi-culturelle où le sport est la meilleure preuve que les successions d’immigrés et d’anciens colonisés ne sont pas des envahisseurs, mais un apport bénéfique à notre société ».
« La France est un pays judéo-chrétien de race blanche ».
Une phrase prétendument empruntée au Général de Gaulle pour justifier la perpétuation d’un racisme quotidien anodin. Une phrase qui entretient cette idée qu’un français qui n’est pas blanc et judéo-chrétien n’est pas tout à fait un français.
Entendre ceci de la bouche d’une ancienne Secrétaire d’Etat de la famille et de la solidarité me consterne profondément.
Je me permets Madame la députée européenne de vous conseiller d’allumer votre télévision ou simplement de vous rendre au bord d’un bassin, dans un stade ou le long d’un tatami.
Vous vous rendrez compte Madame, que la France n’a ni couleur ni religion.
Lorsqu’un sportif aborde une compétition internationale, il vient sublimer l’art qu’il pratique au quotidien. Il vient avec l’intention de gagner, de se dépasser, de livrer corps et âme dans une âpre bataille.
Mais il vient surtout représenter son pays, sa patrie, sa nation. Il est fier. Fier de porter haut les couleurs du drapeau tricolore.
Croyez vous Mme Morano que Teddy Riner s’est demandé s’il n’était pas trop noir pour être français lorsqu’il a conquis chacun de ses huit titres mondiaux en judo ? Croyez-vous Madame Morano que Zinedine Zidane s’est demandé s’il convenait au standard que vous définissez lorsqu’il a marqué deux buts en finale de la Coupe du Monde de football 1998 ?
Avez-vous souvenir d’un tel rassemblement populaire depuis cette victoire emblématique ?
Qu’en est-il de Brahim Asloum ? Laura Flessel ? Paul Pogba ? Karim Benzema ? Coralie Balmy ? Mehdy Metella ?Pour ma part, le long de ma modeste carrière internationale, j’ai eu l’occasion de représenter la France lors de plusieurs compétitions à travers le monde. Et à chaque fois, l’exaltation était la même. Le plaisir démesuré. Certes, avoir une couleur de peau différente de celle de la plupart de mes adversaires m’a convaincu que j’avais peut-être plus de choses à prouver. Et cela m’a parfois permis de réaliser des performances dont je ne me pensais pas capable.
Néanmoins, lorsque j’étais sur le plot de départ, dans l’eau en train de me battre ou sur un podium, le drapeau tricolore ondulait dans mon esprit autant que dans mon âme. Chaque fois que j’ai eu l’opportunité d’entendre une Marseillaise, elle a résonné jusqu’au fond de mes entrailles, me rappelant comment, à leur époque, d’autres hommes se sont battus pour bâtir la France.Alors non Mme Morano, je me refuse à accepter ce genre de déclaration venant de personnalités politiques comme vous. Que le buzz vous fasse exister ou non, vous ne pouvez vous permettre ce genre d’égarement qui rend crédible le discours du Front National. La France d’aujourd’hui n’est plus un pays judéo-chrétien de race blanche mais un pays laïque d’origine multi-culturelle dont le sport est la meilleure preuve que les successions d’immigrés et d’anciens colonisés ne sont pas des envahisseurs, mais un apport bénéfique à notre société.
La France n’est pas que blanche. Elle est aussi bleue et rouge. Souvenez vous du perron de l’Elysée. Le drapeau tricolore figurait en bonne place.