A priori, Monuments Men a tout d’alléchant. Un casting de rêve (George Clooney, Matt Damon, John Goodman, Bill Murray, Cate Blanchett…) et le récit d’une facette peu connue de la seconde guerre mondiale, en tout cas jusque là jamais adaptée au cinéma. Et vu le nombre de films réalisés sur cette guerre, proposer quelque chose de nouveau était déjà en soi une vraie prouesse ! Passé le décor, Monuments Men donne malheureusement une sensation d’inachevé.
La bande annonce du film :
Monuments Men, une histoire vraie
On ne compte plus les films qui ont traité de la seconde guerre mondiale. Barbares nazis, héros de la résistance, mise en abyme d’Hitler et de ses généraux, grand procès… Jamais le récit des millions d’œuvres d’art volées par le régime Nazi n’avait pourtant été porté à l’écran.
Nom donné à un groupe d’environ 350 hommes et femmes originaires de 13 nations qui ont œuvré de 1943 à 1951 à protéger et retrouver les monuments artistiques et historiques, les Monuments Men vont rechercher, localiser et rendre plus de 5 millions d’œuvres dérobées et cachées par les nazis. Une mission titanesque réalisée hors des projecteurs par des hommes passionnés, et aujourd’hui encore d’actualité, preuve en est par exemple les 1500 tableaux retrouvés à Munich en novembre dernier.
Le projet ambitieux de George Clooney
Adapter une telle histoire au cinéma était très ambitieux, surtout avec l’objectif de la vulgariser pour le grand public. Malgré une complicité indéniable entre les acteurs et une réelle volonté de mettre à l’honneur des hommes d’exception, Monuments Men est trop condensé pour que l’essence de cette épopée fantastique puisse être totalement appréciée.
Les évènements s’enchainent sans être contextualisés, les motivations des personnages pour risquer leurs vies dans une mission folle ne sont pas dévoilées (on en reste en tout cas au simple « amour de l’art »), et l’objectif d’Hitler de détruire tout « art dégénéré » au profit d’œuvres raciales pures est à peine effleuré. Monuments Men sensibilise le public à un sujet, ce qui est louable, mais ne le décortique pas.
Une impression d’inachevé
Pendant deux heures, on oscille donc entre ébauche et irrégularité. Pourtant, plus le film avance, et plus il devient intéressant. Passés la présentation des personnages et l’enchaînement de leurs échecs face à une mission dont tout le monde semble se moquer, on comprend petit à petit l’importance de ces hommes qui ont agi pour la sauvegarde d’une civilisation. Ces conservateurs de musées, architectes, historiens, artistes, deviennent même attachants lorsqu’ils sont confrontés au quotidien de la guerre sans jamais y avoir été vraiment préparés. Mais encore une fois, Monuments Men reste en surface, et ne nous délivre pas autre chose que la naïveté de ces hommes et femmes qui ont peut-être offert à Hitler sa plus grande défaite : ne pas avoir détruit tout un pan de la civilisation occidentale.
Si on excuse toutes les références glorieuses un peu trop américaines du film – Monuments Men fut un projet entériné par Roosevelt – il est difficile d’être complétement satisfait de son résultat. Un sujet certes passionnant, mais qui donne l’impression bizarre d’un croquis interrompu, représenté par une question fondamentale que pose le film sans jamais y répondre : une œuvre d’art vaut-elle la mort d’un homme ?
Notre note : 12/20
Monuments Men
Réalisé par George Clooney
Tiré du livre de Robert M. Edsel
En salle le 12 mars 2014