Le très sérieux Musée de la Merde a ouvert ses portes en Lombardie (Italie) en 2015, sous l’impulsion de l’entrepreneur agricole Gianantonio Locatelli. L’idée lui est venue lorsqu’il s’est aperçu que les 3 500 vaches de sa ferme produisaient environ 150 000 kilos de fumier par jour.
Il a donc décidé d’exploiter ces excréments dans un but écologique, productif, et même culturel dans ce Museo della merda.
Écologique, car le fumier est un engrais naturel, productif puisqu’en recourant à des digesteurs hautement innovants, il a ainsi pu le transformer en énergie électrique capable de fournir à la ferme jusqu’à trois mégawatts par heure – soit l’équivalent de l’éclairage d’un village de 3.000 à 4.000 habitants – , et enfin culturel afin d’offrir une image agréable de la merde, pourtant jugée si répugnante.
D’ailleurs, tout se recycle chez le fermier qui utilise les déjections qui n’ont pas été traitées par les digesteurs pour en faire d’adorables objets rustiques comme de la vaisselle, des pots de fleurs ou encore des tuiles.
Pendant 20 ans, Gianantonio Locatelli s’est attaché à un travail de réflexion et de recherches sur la merde et ses transformations, ainsi que sa perception au cours des siècles.
Faisant appel à des amis et des artistes, il a pu collecter des objets utilisés au quotidien dans le monde moderne et à travers l’histoire, qu’il a décidé de présenter dans le Musée de la Merde, finalement inauguré en avril 2015 dans le château médiéval de Castelbosco.
On y retrouve des curiosités d’aujourd’hui et d’autrefois, dont le dénominateur commun est de présenter la merde comme un matériau utile et vivant. On apprend ainsi que le dendroctone, un insecte bousier, était vénéré dans l’Égypte Antique et que le fumier est très présent dans l’architecture, que ce soit en Afrique ou dans les civilisations anciennes.
Des œuvres historiques et littéraires comme l’Histoire Naturelle de Pline sont également présentées, ainsi que les dernières découvertes scientifiques sur l’utilisation et le recyclage des déchets. Loin de révulser, la merde est devenue un des enjeux du développement durable.
Chier ne sera donc plus vu comme une corvée désagréable, mais plutôt une sorte de grâce, car on contribue, sans le savoir, à changer positivement le monde.