Les essais du jour ne se sont pas déroulés dans n’importe quelles conditions. C’est sur les routes enneigées du centre de la Suède qu’ils ont eu lieu, afin de mettre en perspective les différents équipements disponibles de ce nouveau grand SUV, le Ford Edge, que nous avions déjà testé lors de son lancement en 2016.
Ford avait établi ses quartiers au Copperhill Mountain Lodge, l’un des plus grands bâtiments en bois d’Europe. Design épuré de l’architecte Peter Bohlin ayant développé entre autres celui des Apple Stores. Quand on sait que le plus proche voisin de l’hôtel s’appelle Zlatan Ibrahimovic, on comprend dans quel état d’esprit souhaitait nous mettre Ford, et quelle est la clientèle cible de ce type de véhicule.
Après une bonne nuit de repos et un petit déjeuner qui a eu des airs d’après-midi à Ikea (vous avez déjà mangé à un buffet avec pour choix äggroöra, knäckebröd, rårörda lingon..?!?) nous sommes partis pour une courte journée d’essais. Car avec un ensoleillement de 9h40 à 14h25, le temps de lumière nous était compté.
On va faire gagner du temps aux indécis, une seule motorisation sera proposée en France, l’EcoBlue (qui veut dire diesel chez Ford) 2.0 de 238 ch, associé à une boîte automatique 8 vitesses BVA8. Il faut au moins ça pour bouger le bestiau. Alors c’est sûr que ça va se répercuter sur le malus écologique lors de l’achat, mais le moteur fait très bien le boulot et ferait presque oublier les 2 tonnes et quelques qui nous entourent. Concernant la boîte auto, c’est précis et plutôt agréable, on sent à peine les rapports passer, même quand on appuie un peu fort sur la pédale de droite.
On a le choix entre 2 finitions : ST-Line avec un look plus sportif pour plaire aux plus jeunes, et Vignale avec une ligne plus sobre pour les.. pour les autres.. Et j’avoue faire partie de cette seconde catégorie du haut de mes 34 ans (qui a dit vieux ?), le style de la Vignale correspondant mieux, à mon goût, à ce genre de véhicule.
Rassurons ceux qui souhaiteraient personnaliser leur joujou: malgré la quantité d’équipements de série conséquente, pas mal d’options sont encore disponibles.
Tout comme pour sa cousine la Focus, le constructeur a fait le choix d’équiper de série le véhicule avec de nombreuses aides appelées Co-Pilot360. Je ne vais pas toutes les citer car la liste est longue. La plus notable (car celle qu’on utilise le plus facilement) est le régulateur adaptatif qui gère l’accélération, le freinage, reconnaît les panneaux pour adapter la vitesse, centre dans la voie, etc..
Aide à l’évitement, freinage post-collision en cas d’accident, aide au stationnement semi-automatique,…, toutes ces aides permettent d’atteindre une aide à la conduite de niveau 2 (en gros faut surveiller qu’elle fasse pas n’importe quoi, mais la voiture peut déjà se débrouiller toute seule dans un paquet de situations). Moi j’aime bien, même si ça déresponsabilise peut-être un peu trop les conducteurs. Large débat. Certains trouvent qu’on tue tous les plaisirs de la conduite. Les aides sont là (et on peut les désactiver à sa guise), elles augmentent le niveau de sécurité, ça serait bête de ne pas en profiter..
Les routes enneigées (voire verglacées) nous ont permis de tester les limites de la transmission intégrale intelligente iAWD. Le système réparti la puissance à chaque roue selon l’adhérence. Je peux vous confirmer qu’il est très efficace. J’avais l’impression de savoir conduire sur glace alors que c’était une première pour moi, preuve que la technologie est au point.
Un petit tour sur un circuit off-road mis à notre disposition m’a réconcilié avec ce type de gros véhicule. Slalomant entre les arbres et franchissant les bosses verglacées, on prend rapidement ses marques, et les dimensions ne sont finalement pas si difficile à appréhender.
Retour enfin à l’hôtel à la nuit tombante. Un grand bravo aux équipes techniques pour les feux LED intelligents, ç’en est presque perturbant d’aussi bien y voir en pleine nuit. Petit essai pour l’occasion du système audio. Déjà de base, le véhicule est très silencieux quand on roule (sur la neige avec des pneus cloutés, reste à tester ce que ça donne sur le bitume). Je suis pas un expert en son, mais le système premium Bang&Olufsen est très efficace pour le mélomane que je suis, avec 12 haut-parleurs répartis dans l’habitacle qui délivrent jusqu’à 1000 watt.
Dernier petit point remarqué lors du retour (la concurrence est rude, ça se joue quelquefois à ça), les deux places arrières, à l’instar des sièges avants, sont chauffants. Ça réchauffe par en-dessous pour l’avant, et une douce chaleur vient gentiment réchauffer les lombaires pour l’arrière. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour le confort des passagers arrières, avec des températures comme on a eu en Suède, ça voudra dire beaucoup.
J’avoue qu’avant de faire cet essai, j’avais une vision très simpliste des propriétaires de ce genre de véhicules : soit ils font un concours de celui qui fait pipi le plus loin avec leurs copains très riches (celui qui a la plus grosse voiture en l’occurrence), soit ils ont besoin de compenser avec un gros véhicule ce qu’ils n’ont pas dans le caleçon. (Merci Ford pour le dessert qui m’a inspiré ces métaphores phalliques.. )
M’asseoir au volant de ce véhicule m’a ouvert les yeux sur autre chose. Quand on s’installe dans ce nouveau EDGE, quand on roule, on s’y sent bien, confortablement protégé. Un deuxième chez-soi.
C’est sûr qu’à partir de 53.500€ (hors malus écologique de 8 ou 9.000€..), ce SUV ne sera pas accessible à toutes les bourses. Mais je comprend tout à fait que quelqu’un qui en a les moyens veuille atteindre ce degré de confort, de finition, d’aide à la conduite, etc..
Au final, Ford fait le pari de fournir de série un équipement plutôt conséquent (avec un prix forcément adéquat) afin de se démarquer de ses concurrents du secteur. Pourquoi pas..