Retraites: les ménages pénalisés par la suppression de l'abattement de 10% sur la déclaration d'impôts

Cette année, certaines personnes à la retraite se voient pénalisées par la suppression de l'abattement de 10 % sur la déclaration d'impôts.

La réforme des retraites mise en œuvre en 2024 en France a suscité des débats intenses. En raison de ses implications sur le système social et économique, d’ailleurs, l’année 2025 commence mal pour certains retraités.

Les retraites ont évolué en 2024

L’objectif affiché par le gouvernement était de garantir la pérennité du système par répartition des retraites. Dans un contexte marqué par le vieillissement de la population et un déséquilibre croissant entre actifs et retraités.

L’une des mesures phares de la réforme a été le report de l’âge légal de départ à la retraite. Ce dernier est ainsi progressivement passé de 62 à 64 ans d’ici à l’année 2030.

En parallèle, la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein a été portée à 43 ans. Conformément à la réforme Touraine de 2014.

Certains régimes spéciaux, notamment dans les secteurs publics et parapublics, ont également été alignés sur les règles générales. Bien que des périodes transitoires aient été prévues.

Pour les actifs, la réforme a un double impact, à commencer par l’allongement de la vie professionnelle. Les personnes proches de la retraite doivent revoir leurs projets, ce qui a parfois entraîné un sentiment d’injustice.

Surtout pour ceux ayant commencé à travailler tôt. Des aménagements ont été introduits, comme un départ anticipé pour les carrières longues et une prise en compte spécifique de la pénibilité dans certains métiers.

Du bon et du moins bon

Malgré cela, des critiques subsistent concernant l’insuffisance des mesures pour les travailleurs aux revenus modestes et les femmes. Ces derniers se voient donc souvent pénalisés par des carrières hachées.

La réforme vise à réduire le déficit projeté des Français, estimé à environ 13 milliards d’euros d’ici 2030 sans intervention. À court terme, elle devrait alléger la pression sur le budget public en augmentant le nombre de cotisants.

Et en réduisant le nombre de bénéficiaires immédiats. Cependant, des économistes soulignent que les effets positifs pourraient se voir partiellement annulés par une baisse de la consommation des ménages proches de la retraite, freinant la croissance économique.

La réforme a ainsi déclenché une forte mobilisation sociale en 2023-2024. Avec des grèves et manifestations massives, traduisant un rejet par une partie de la population.

Les syndicats ont donc dénoncé une réforme jugée injuste, tandis que l’opposition politique a critiqué un manque de concertation. Malgré ces tensions, le gouvernement a maintenu sa position, invoquant la nécessité d’agir face aux enjeux démographiques.

À long terme, la réforme devrait contribuer à stabiliser le système des retraites. Mais elle pose des questions sur la place du travail dans la société et l’équité intergénérationnelle.

En France, tous les foyers fiscaux actifs bénéficient d’un abattement automatique de 10 % sur leurs revenus professionnels pour couvrir les frais professionnels. Ce dispositif peut se voir remplacé par une déclaration au réel si les frais excèdent ce seuil forfaitaire.

Certaines personnes à la retraite perdante

Les retraités, depuis 1978, bénéficient également de cet abattement, conçu initialement pour compenser la baisse de revenus liée à la fin d’activité. Toutefois, cet avantage se voit plafonné à 4 321 € par an en 2024, un plafond qui reste inchangé pour 2025.

Une remise en question pour les Français que Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), a récemment évoqué en parlant de la suppression de l’abattement fiscal de 10 %. Pour les pensions de retraite dans un entretien avec Les Échos.

Il estime que cette mesure, bien que symbolique, pourrait rapporter environ 4 milliards d’euros par an aux finances publiques. Selon lui, cette suppression serait équitable, car elle n’impacterait pas les retraités les plus modestes.

Cette proposition a reçu le soutien du président du MEDEF, Patrick Martin, qui juge cet avantage fiscal « contre-nature ». Pour des retraités ne supportant plus de frais professionnels.

Elle s’inscrit également dans la ligne du Conseil des prélèvements obligatoires (CPO). Il critique les « traitements fiscaux préférentiels » profitant à tous les Français, y compris les plus aisés.

D’un point de vue budgétaire, l’abattement de 10 % sur les pensions figure parmi les niches fiscales les plus coûteuses. Ce qui représente un coût de 4,54 milliards d’euros en 2024, juste derrière le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile.

Bien que cette réforme suscite des débats, elle met en lumière un enjeu crucial : l’équité fiscale face au vieillissement de la population. En parallèle, d’autres pistes, comme la désindexation des retraites ou la revalorisation différenciée.