Andrea Gardner


« A la femme derrière moi dans la file du supermarché, tu n’as aucune idée à quel point nous t’aimons »

Après la publicité magnifique qui nous fait prendre conscience que des petits actes peuvent améliorer le quotidien des gens, voici la magnifique lettre, Andrea Gardner, une mère de famille américaine, à écrit sur son blog pour remercier une étrangère qui était derrière elle dans la file du supermarché. Cette femme sans hésiter, a réglé les 17.38$ qu’elle ne pouvait pas payer. Une nouvelle fois, un petit geste qui a eu un impact sur des vies.

« Chère femme derrière moi dans la file du supermarché,

Tu ne me connais pas. Tu n’as aucune idée de ce qu’a été ma vie depuis le 1er octobre 2013. Tu n’as aucune idée de ce que ma famille traverse. Tu n’as aucune idée des difficultés auxquelles nous faisons face. Tu ne sais pas que nous avons été humiliés et dépossédés de nos biens.

Tu n’as aucune idée que j’ai pleuré quasiment tous les jours ; que je me bats contre l’amertume qui prend petit à petit le contrôle de mon coeur. Tu ne sais pas à quel point la fierté de mon mari a été piétinée. Tu n’as aucune idée que mes enfants ont plus de soucis sur les épaules qu’un adulte. Tu ne sais pas que leur innocence leur a été volée sans aucune bonne raison. Tu ne sais rien de tout cela.

Ce que tu sais par contre, c’est que j’ai essayé d’acheter de la nourriture à mes enfants et que la machine EBT (ndlr : lecteur de carte EBT que les bénéficiaires d’aides financières du gouvernement utilisent pour pouvoir profiter de ces dernières) était en panne, et donc que je n’ai pas pu acheter cette nourriture. Je n’avais ni liquide ni ma carte bancaire avec moi. Tout ce que j’avais, c’était ma carte SNAP (ndlr : carte utilisée par les bénéficiaires du programme américain d’aide alimentaire pour les plus démunis). Tout ce que tu as entendu, c’était que je disais à la caissière : « mes enfants ont faim maintenant et je n’ai pas d’autres moyens de les nourrir ». Tu ne m’as pas jugée. Tu n’as pas grommelé un « peut-être vous devriez avoir moins d’enfants ». Tu n’as pas dit « et bien trouvez-vous du travail ». Tu n’as pas regardé ailleurs, de honte. Tu n’as tiré aucune conclusion.

Ce que tu as fait, c’est que tu as payé la facture de 17.38$ pour nous. Tu as offert à mes enfants des bananes, des yaourts, du jus de pomme, des bâtons de fromage, et du thé à la pêche pour moi ; un achat plutôt rare. Tu m’as laissée te serrer dans tes bras et te promettre, les yeux plein de larmes, que oui, j’allais un jour moi aussi accomplir un tel acte de générosité. Je vais moi aussi, un jour, payer les courses de quelqu’un. Ces 17.38$ ne représentent peut-être pas une somme très importante à tes yeux, mais pour nous, ça l’est. Dans la voiture, mes enfants n’arrêtaient pas de parler de toi ; ils t’appellent notre « ange secret ». Ils ont prié pour toi. Ils ont prié pour que tu sois bénie. Tu leur as redonné de l’espoir. Cette simple et petite action a changé nos vies. Tu nous as probablement oubliés aujourd’hui, mais nous ne t’avons pas oubliée. Tu seras toujours dans nos coeurs, même si nous ne connaissons pas ton nom.

Tu n’as aucune idée à quel point je suis à la fois reconnaissante et embarrassée du fait que nous payons toutes nos courses avec SNAP. Nous mangeons bien, grâce au gouvernement. J’aime ça. J’aime que le gouvernement prennent soin de mes enfants. C’est un souci en moins pour nous, les parents. Je dis avec défi aux gens que nous sommes dans le programme SNAP. Qu’ils essaient de nous juger.

Mais ils sont peu à savoir pourquoi nous sommes dans le programme. Peu savent que mon mari est un travailleur et qu’il a été licencié après 17 ans de carrière de son poste managérial. Peu savent que nous avons changé d’Etat parce que nous allions être sans abri, notre maison étant « fournie » avec le travail de mon mari. Peu savent que mon mari travaille aujourd’hui à mi-temps alors qu’il cherche désespérément à travailler plus. Ce n’est pas facile pour un homme de 40 ans de trouver un job qui lui permette d’assurer financièrement sa famille de 5 enfants.

Tu ne savais rien de tout ça mais cela ne t’a pas empêchée d’avoir de la compassion pour nous. D’avoir de la générosité pour quelqu’un que tu ne connaissais pas.

A la femme derrière moi dans la file du supermarché, tu n’as aucune idée à quel point nous t’aimons. Tu n’as aucune idée de l’impact que tu as eu sur mes enfants. Tu n’as aucune idée à quel point je te suis reconnaissante. Ton geste était sûrement normal pour toi, mais pour nous, il était grandiose. Merci.

Merci de ne pas nous avoir jugés. Merci d’avoir offert un repas à mes enfants qui avaient faim. Merci. Simplement, merci.

Andrea, la femme qui était devant toi dans la file du supermarché avec cinq enfants qui n’ont désormais plus faim. »