Pendant deux jours l’Allemagne et Berlin plus particulièrement était en fête. Cela fait 25 ans que le mur a disparu, que les peuples, les familles, les amis se sont retrouvés et que David Hasselhoff habillé de lumière chantait Looking for freedom. Ces gens ont fait tomber la frontière qui les séparait mais aussi dans une réaction en chaîne le bloc de l’Est et l’URSS.
Cela avait commencé avec l’installation de 8000 ballons, la lichtgrenze, une frontière de lumière pour représenter le tracé du mur. Des écrans à différents points de la ville, diffusaient les histoires de ces gens ordinaires ou célèbres qui ont libéré les peuples. Mais en mangeant une saucisse et en buvant une bière, au fur et à mesure du tracé, on se rend vite compte qu’au delà de la célébration de la fin de la séparation, il s’agit aussi de la célébration de l’Ouest et de l’occident dans toute sa démesure.
L’esprit soviétique est maintenant vendu tel un produit touristique, on vend des casquettes de soldats soviétiques, on prend des selfies devant le mur, on propose des tours de Berlin en Traban… Bref, aux quatre coins de la ville, on vend la nostalgie soviétique et cela touche parfois au mauvais goût.
En voyant tout ça, on se demande quand même (et surtout aujourd’hui dans une Europe en crise) si l’Allemagne n’a pas troqué non pas un borgne contre un aveugle, mais un aveugle contre un borgne. Les portraits de dirigeants soviétiques sont remplacés par des portraits géants du nouvel Iphone 6 et les files de Trabans ont simplement été remplacées par des files d’Audi et de BMW.
Bref, les peuples se sont réunis, la liberté d’expression et de mouvement a triomphé et c’est une bonne chose pour tous. Mais, les vainqueurs sont définitivement à l’Ouest, la preuve c’est que le fameux poste frontière de Checkpoint Charlie abrite maintenant derrière des gardes costumés un superbe MacDonald et il s’agit de savoir si oui ou non, c’est une bonne chose.
Tout au long de ce week-end, on a donc été entre la célébration solenelle de la chute du mur avec l’hymne Allemand et des chants à la gloire de la Bundesrepublik Deutschland, des peuples réunis, des héros anonymes qui ont passé le mur immortalisés dans des bande-déssinées et c’est évidemment très bien. Mais parfois on passe aussi dans l’objet touristique et purement commercial qui n’a pas forcément sa place dans ce genre de célébrations.
Cette fête était donc nécessaire pour se remémorer, ce qu’il s’est passé, se remémorer que 25 années auparavant, des gens mouraient pour retrouver la liberté. Fêter les retrouvailles est donc une chose, les vendre comme un objet touristique en est une autre. Nous ne sommes pas entrain de dire qu’une idéologie vaut plus que l’autre, ce peuple s’est battu pour retrouver sa liberté et cela doit être célébré. Cela a été fait, l’Europe entière s’est souvenue de cet évènement qui est sans aucun doute l’un des plus fort de ces dernières années.
Pour conclure, l’Allemagne a fêté sa liberté au son de Beethoven et de Paul Kalkbrenner et à la lumière des feux d’artifices et c’est une chose magnifique mais parfois, tout au long de ce week-end, ce sentiment s’est un peu effacé.